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Toulouse-Lautrec

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Ancien maire de Mordelles
Toulouse-Lautrec3.jpg
Robert de Toulouse-Lautrec
Région Drapeau-breton.jpg Bretagne
Département Armoiries-35.jpg Ille-et-Vilaine
Commune Armoiries-mordelles.jpg Mordelles
Naissance 5 février 1887
Décès 22 juillet 1972
Références
Rédacteur(s) I. Birot
Historien(ne) H. Le Vot




Maire de Mordelles de 1919 à 1965
Armoiries-TL.jpg

Ancien maire de Mordelles, conseiller général, fondateur et président de l'aéroclub d'Ille-et-Vilaine, officier de l'armée de l'air, pilote et cavalier émérite.
Son implication dans des activités aussi variées que la politique, l'aéronautique et l'agriculture lui ont valu une liste impressionnante de distinctions tout au long de sa carrière : des distinctions militaires (chevalier de la légion d’honneur, médaillé militaire, officier de la légion d’honneur, commandeur de la légion d’honneur,...), des distinctions à titre civil (cravate de commandeur du mérite agricole en 1960, médaille vermeil de la Mutualité, de la coopération et du Crédit Agricole en 1964,...) et des distinctions de l’ordre du service civil (président de l’U.N.C. de Mordelles depuis sa fondation, président du syndicat d’électrification intercommunal de la région de Mordelles dès 1925, président du syndicat intercommunal des eaux de Lillion,...).



Robert de Toulouse-Lautrec

Le Comte Robert Marie Karl de Toulouse-Lautrec-Montfa est un personnage qui a marqué les esprits à Mordelles et laissé une empreinte indélébile.
La famille de Toulouse-Lautrec est une branche de la descendance des comtes de Toulouse depuis le XIIe siècle.
Né à Paris le 5 février 1887 d'une mère bretonne et d'un père albigeois, il se plait à Mordelles où il vient régulièrement passer ses vacances sur le site de la Haichois. C'est le cousin germain du célèbre peintre Henri de Toulouse-Lautrec[1].
C'est un passionné d'équitation. Avant la première guerre mondiale, il participe à de nombreux concours hippiques.
Il est également féru de sport automobile. Le 9 novembre 1903, il obtient son « Certificat de capacité valable pour la conduite d’une voiture automobile à pétrole », n° 237, délivré par la préfecture d’Ille-et-Vilaine. Il prend ensuite part à plusieurs courses automobiles, étant adhérent de l'Automobile Club de l'Ouest.
Il s'engage dans les cuirassiers au tout début du conflit 14/18, puis dans l'aviation qu'il quitte en 1919 avec le grade de capitaine.
Il participe activement à l'aménagement du terrain d'aviation de Rennes Saint-Jacques et c'est dans le livre intitulé "Histoire d'un aérodrome et de son Aéro-club" [2] conçu par Michel Festoc (un Mordelais) et Daniel Hochet, tous deux membres de l'Aéroclub Rennes Ille-et-Vilaine, que nous avons trouvé un excellent résumé de sa longue carrière d'aviateur breton.
Sur le plan familial, il épouse en 1912 Yvonne Bamberger avec laquelle il n'aura pas d'enfants. Celle-ci décède brutalement le 19 février 1963, à l'âge de 63 ans. Ses proches s'accordent tous pour dire que cette disparition l'a énormément affecté.
Il décède le 22 juillet 1972 à l'âge de 85 ans.

L'homme politique

Démobilisé le 4 avril 1919, il séjourne à Mordelles au château de la Haîchois édifié en 1888 pour le comte Alexandre Marie Odon de Toulouse-Lautrec (son père) et Emilie Odette Le Mélorel de La Haichois (sa mère).
Il assure la fonction de maire de Mordelles pendant plus de 45 ans, de 1919 à 1965, période pendant laquelle la commune se modernise (stade de Coubertin, généralisation de l'électrification, premiers travaux d'assainissement, création du service des eaux, etc).
Lors des élections cantonales de décembre 1919, il est également élu conseiller général du canton de Mordelles en remplacement de Paul de Farcy, démissionnaire et ce, jusqu'en 1966.
A noter aussi que, pendant la seconde guerre mondiale, il est maintenu maire de Mordelles par le gouvernement de Vichy (1940-1944)[3] représenté par le préfet Ripert.
En effet, la loi du 16 novembre 1941 réorganise les conseils municipaux et les conseils généraux : les maires et les conseillers généraux ne sont plus élus mais désignés par le gouvernement sachant, par ailleurs, que la loi du 12 octobre 1940 avait déjà supprimé les conseils généraux des départements.
Robert de Toulouse-Lautrec avait ainsi été nommé par le préfet Ripert, le 3 février 1941, conseiller à la commission administrative du département d’Ille-et-Vilaine.
La commission administrative départementale était alors composée de 8 membres désignés, dont 4 anciens conseillers généraux, les 4 étant des maires de commune (Montfort, Mordelles, Vitré, Saint-Senoux).
Après la libération, un courrier du 22 décembre 1944 émanant du secrétaire représentant le gouvernement provisoire confirme Robert de Toulouse-Lautrec en tant que maire, Constant Bigot, 1er adjoint, ainsi que les 10 autres conseillers.
Les premières élections municipales libres ont lieu les 28 avril et 13 mai 1945.
Deux femmes font partie de ce conseil municipal composé de 15 conseillers, Mlle Yvonne de Farcy et Mme David, née Berthe Bayot. Robert de Toulouse-Lautrec a 2 adjoints, Constant Bigot et Pierre Guille.
En 1952, Robert de Toulouse-Lautrec est vice-président du conseil général d'Ille-et-Vilaine, puis président le 17 juin 1961.
Son mandat se terminera en 1966.

Cérémonie de la remise de la cravate de commandeur de la légion d'honneur (30 septembre 1952)

Robert de Toulouse-Lautrec est nommé conseiller du commerce extérieur de la France au titre d’agriculteur et d’éleveur, le 28 janvier 1956.
Cela constitue pour lui sa seule fonction nationale, préférant sans nul doute se cantonner à des fonctions électives locales.
Le nouveau conseil municipal de Mordelles lors de son installation le 2 avril 1965, en la personne d’Émile Jeantil, lui décerne le titre de "maire honoraire de la commune de Mordelles".
Les aînés mordelais retiennent de lui sa compétence et sa gentillesse, refusant notamment sa prime de maire pour la laisser aux défavorisés.

Le militaire d’active et de réserve[4]

Son expérience militaire avant et pendant la 1ère Guerre Mondiale

Robert de Toulouse-Lautrec s’engage dans l’armée pour trois ans le 2 octobre 1907 [5]. Il intègre le 2e régiment de cuirassiers en tant qu'élève brigadier, puis est nommé Maréchal des Logis en 1909.
Il est démobilisé à Rennes, le 2 octobre 1910. A l’issue de son engagement, il est Maréchal des Logis dans la réserve.
Lors de la mobilisation générale du 2 août 1914, il rejoint son corps de rattachement le 2e cuirassier.
Le 21 août 1914, il est réformé à cause d’une vieille fracture au poignet.
Le 2 septembre, il s’engage comme automobiliste dans l’aviation, sa spécialité d’origine, avec son grade de Maréchal des Logis au 1er groupe d’aérostation de Versailles.
Il se porte volontaire pour être élève pilote. Il rejoint l’école d’aviation du Crotoy début 1915 où il obtient son brevet de pilote. A la fin de sa formation, il est affecté à l’escadrille C47.
Il y effectue de nombreuses missions de reconnaissance et de réglage de tir, quelles que soient les conditions atmosphériques.

Le lieutenant Robert de Toulouse-Lautrec aux commandes d'un biplan BREGUET XIV en 1918

De pilote en 1915, il devient chef-pilote de la F-45 en septembre 1917, puis chef d‘escadrille en mars 1918 et commandant de la BR 281 jusqu’à novembre 1918.
Il termine la guerre au grade de capitaine à titre temporaire, avec quatre citations[6], dont une signée de Georges Clemenceau, il est chevalier de la légion d’honneur depuis le 7 juillet 1918.

Réserviste entre les deux guerres

Le capitaine de réserve Robert de Toulouse-Lautrec se voit délivrer une attestation, datée du 9 avril 1934 et émanant du Ministère de l’Air, stipulant qu’il est toujours recensé en tant que personnel navigant de la réserve, au grade de capitaine rattaché au centre de mobilisation n°31 (Chartres).
Le 22 avril de cette même année, il est élevé au grade de commandant, chef de bataillon dans la réserve.
Le 4 juillet, il reçoit la croix du combattant volontaire.

Mobilisé en 1939

Alors qu’il vient d’être nommé lieutenant-colonel dans la réserve depuis le 1er janvier 1939, au vu de son âge (52 ans), il se trouve exclu du personnel navigant.
Mais il obtient par dérogation le droit de voler. Un certificat médical[7] d’un médecin de Rennes, le docteur A. Lamache, président de la commission médicale du centre d’aviation de Rennes, le déclare « apte au pilotage » le 26 septembre 1939.
Dès le 28 août 1939, il avait pris ses fonctions de commandant du Centre d’Instruction et de Renseignement (CIR) de Rennes, sur la base aérienne BA118, de Rennes Saint-Jacques.
Cette base est alors sous le commandement du général Antoinat[8]. Ce dernier étant suspendu suite à une inspection les 23 et 26 janvier 1940, Robert de Toulouse-Lautrec assure le commandement par intérim de la base aérienne de Rennes jusqu’au mois de juin 1940.
Le 17 juin 1940, il reçoit l’ordre du Général Muiron d’évacuer la base aérienne de Rennes et de se replier sur le Sud de la France.
C’est replié avec son unité sur la base temporaire de Pinsaguel (Haute-Garonne) que Robert de Toulouse Lautrec est démobilisé le 16 août 1940.
Après la libération, il n’a plus d’activité dans la réserve de l’armée de l’air et ne fait plus partie des cadres de la réserve à compter du 14 juillet 1947.

Le lieutenant-colonel Robert de Toulouse-Lautrec près d'une HOTCHKISS 680 (période de production : 1936 à 1937)

Le pilote

Officier de réserve de l’aviation, il mène des actions de promotion de l’aéronautique en Ille-et-Vilaine et plus largement en Bretagne. Ses relations personnelles, auprès de la chambre de commerce de Rennes comme dans les arcanes gouvernementales à Paris, lui permettent de développer une aéronautique en Bretagne et plus spécifiquement autour de Rennes dans les années 1930.
Il est le fondateur et président du Comité technique de l’Amicale d’Aéronautique de Bretagne[9] qui regroupe les pilotes du département d’Ille-et-Vilaine. Cette association, futur aéroclub de Rennes, compte 30 adhérents en 1932.
Elle organise plusieurs manifestations afin de vulgariser l’aviation comme la réception grandiose à Rennes de Costes et Bellonte le 14 décembre 1930.
Avec le concours de la chambre de commerce de Rennes, dont il est membre de la commission d’aéronautique depuis 1932, il parraine la mise en place, en mai 1932, d’une école polytechnique à Rennes inaugurée le 12 juillet 1932. Cette école dispense des cours de mécanique avion.
Les années 1930 sont les années où sont organisés des meetings aériens dans toute la France.
Dans ces mêmes années, chaque ville de grande ou de moyenne importance veut obtenir son aérodrome.
Rennes n’échappe pas à cet engouement.
Le choix du site et l’étude de faisabilité sont confiés à Robert de Toulouse-Lautrec pour son expertise en aéronautique.
L’aéroport de Rennes Saint-Jacques est inauguré le 28 juillet 1933 en présence du ministre de l'air, Pierre Cot.
Il faut ajouter que Robert de Toulouse-Lautrec est aussi le fondateur de l’aéroclub de Rennes, puis son président de 1932 à 1945.
Il contribue ainsi à l’installation d’une école de vol à voile sur le site de Saint-Jacques-de-la-Lande.
Il démocratise l’aéronautique en la rendant accessible à un plus grand nombre d’élèves pilote notamment grâce à l’attribution de bourses par la ville de Rennes et le département[10].
Il obtient sa licence de pilote de tourisme, n°2682, le 10 avril 1934 (cf photo ci-dessous, carnet de vol civil) sachant qu'il est déjà breveté militaire depuis le 30 mai 1915 (Cf photo ci-dessous, carte de pilote militaire).
Il possède un avion Caudron stationné à l'aérodrome de Rennes.

L'avion Caudron C275 dit "Luciole", avion de fabrication française des années 1930.

Lors des fêtes d'été organisées à Mordelles, il propose aux Mordelais volontaires des baptêmes de l'air.
A titre de récompense, les meilleurs élèves reçus au certificat d'étude reçoivent un bon qui leur donne droit à un vol au-dessus de la commune.
Commandant en second du Cercle Aérien de Rennes, il est promu en 1935 chef de bataillon dans la réserve de l'Armée de l'Air.
Si vous souhaitez en savoir plus sur ce prestigieux locataire du château de la Haichois mais aussi sur l'énorme travail de recherche historique qu'ont fait Michel Festoc et Daniel Hochet sur l'aérodrome de Rennes Saint-Jacques et sur l'aéro-club de Rennes Ille-et-Vilaine, n'hésitez pas à lire le livre cité en référence.

Les traditions ne se perdent pas, plusieurs Mordelais sont pilotes à l'aéro-club qui a changé de nom depuis. Il s'appelle désormais l'Aéroclub Rennes Ille-et-Vilaine ou ACRIV.

Sa période "aviateur" en images

Photos de famille

Sources des photos

Béatrice de Blignières (famille Toulouse-Lautrec), Daniel Hochet, Michel Festoc, Marie-Hélène Berthelot collection privée, Hervé Le Vot.

Nous tenons à remercier particulièrement Hervé Le Vot qui nous a permis d'utiliser le mémoire qu'il a rédigé en janvier 2019 s'appuyant sur les archives départementales d'Ille-et-Vilaine, le service historique de la défense (SHD) à Vincennes, les registres de délibération de Mordelles ainsi qu'une bibliographie.

Notes et références

  1. Odon de Toulouse-Lautrec est le frère d’Alphonse de Toulouse-Lautrec Monfa, le père d’Henri de Toulouse-Lautrec, l’artiste peintre (1864-1901)
  2. Histoire d'un aérodrome et de son Aéro-club, 131 pages, Editions du Stamp.
  3. AD35 : 233J14 et 233J15.
  4. SHD Vincennes : Robert de Toulouse Lautrec, AI 1 P 25133 3, Lieutenant Colonel, (03/02/1887).
  5. AD 35-233J15, livret militaire classe 1906
  6. AD35- 233J15
  7. AD35-233J15 : certificat médical du 26 septembre 1939
  8. Le général Georges Antoinat (1883-1960).
  9. L’Amicale des aviateurs d’Ille-et-Vilaine, novembre 1930, devînt la Ligue Aéronautique, puis Aéro-club d’Ille-et-Vilaine, le 29 octobre 1932
  10. LE ROY, Thierry, Les bretons et l’aéronautique des origines à 1939, PUR, Rennes, 2002