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L'école libre des garçons

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L'enseignement catholique
Ecole des garçons.jpg
L'école libre des garçons
Région Drapeau-breton.jpg Bretagne
Département Armoiries-35.jpg Ille-et-Vilaine
Commune Armoiries-mordelles.jpg Mordelles
Objet Histoire de l'école des garçons
Période De 1872 à 1990
Références
Rédacteur(s) I. Birot
Archives M.C. Piel, Frères de la Mennais, A.M. Nédellec




L'école chrétienne des garçons de Mordelles
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Cet article retrace l'histoire de l'école chrétienne des garçons de Mordelles.
Celle-ci débute dans les premiers mois de l'année 1872 lorsque le bruit se répand que la classe communale des garçons est fermée du fait de la disparition de son instituteur.
L'abbé Briand, alors curé de la paroisse, en accord avec le maire, François Veillard, propose de fonder une deuxième école congréganiste à l'image de celle des filles dirigée par des sœurs.
Pour ce faire, il fait appel aux Frères de l'instruction chrétienne de Ploërmel[1].


Création d'une école libre de garçons en 1872

Le frère Jean Émilien Picard arrive à Mordelles en octobre 1872. Il est âgé de 26 ans.
Le 10 octobre 1872, il ouvre une école libre[2] dont il prend la direction. Localisée dans un grenier à fourrage situé au milieu du bourg et aménagée à la hâte, celle-ci est très rudimentaire et trop petite pour recevoir les élèves qui, au final, sont plus nombreux que dans l'ancienne école communale.
Quelques jours après, conformément à la législation en vigueur, le conseil municipal de Mordelles doit choisir, pour la direction de l'école communale, entre un instituteur laïque et un instituteur congréganiste.
Contre toute attente, il décide de conserver l'instituteur laïque.

Paul de Farcy élu maire de Mordelles

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En janvier 1874, des élections municipales nomment Paul de Farcy à la fonction de maire en remplacement de François Veillard.
Paul de Farcy étant connu pour promouvoir l'enseignement congréganiste, le directeur de l'école laïque, accompagné de son épouse et de ses 30 élèves, organise une manifestation en faveur de l'ancien maire, François Veillard.
Suite à l'intervention du préfet d'Ille-et-Vilaine, l'académie décide de déplacer cet instituteur quelque peu turbulent. De fait, le conseil municipal doit procéder de nouveau à un choix entre un instituteur laïque et un congréganiste.
En avril 1874, sans surprise, la commune de Mordelles décide de confier l'école publique des garçons à un enseignant congréganiste.

Frère Émilien, instituteur public

Frère Émilien Picard

Le frère Émilien est alors nommé instituteur public à Mordelles. Il s'installe, en septembre 1874, dans les locaux de l'école communale et y fait transporter tout le matériel scolaire acquis par la société paroissiale, fondatrice de la première école libre.
Il exerce seul pendant un an avec un succès toujours croissant. Les élèves devenant de plus en plus nombreux, on lui accorde un adjoint et une nouvelle classe. Celle-ci est bâtie entièrement aux frais de la commune. Elle est alors accolée à la façade méridionale du bâtiment de la mairie.
Le frère Émilien reste directeur de l'école communale jusqu'en 1891.

Frère Émilien, instituteur libre et conseiller municipal

En 1891, par application des lois de laïcisation de 1886[3], les écoles communales sont laïcisées et les religieux qui dirigent alors ces écoles communales, s'établissent dans les écoles privées bâties et entretenues par des catholiques.

Ecole libre des garçons

C'est le cas également à Mordelles ; le frère Émilien quitte l'école publique et redevient instituteur libre.
La construction de la nouvelle école libre est entreprise en grande partie par Charles Esnault, ancien adjoint au maire de Rennes. En prévision de la laïcisation prochaine de l'école communale, il fait d'abord construire à l'extrémité de sa propriété de la Perruche, à côté de l'église, une maison qu'il destine au logement des frères instituteurs. Puis, au dernier moment, il fait établir les classes et les préaux dans l'emplacement situé dans la rue baptisée actuellement rue du Frère Émilien.[4] Cf la partie encadrée en bleu sur la photo ci-contre.
C'est précisément le 6 octobre 1891 que les élèves et leurs maîtres entrent dans cette nouvelle école. Cependant, en juillet 1901[5], l'autorisation d'enseigner est enlevée à tous les congréganistes.
Le frère Émilien, en accord avec ses supérieurs, reprend les habits civils[6]. Il peut ainsi continuer à assurer l'instruction chrétienne des enfants de Mordelles[7] sous son nom, Monsieur Émilien Picard.

En 1897, des élections municipales partielles étant nécessaires pour la nomination de deux adjoints, Paul de Farcy demande au frère Émilien de poser sa candidature au siège de conseiller municipal. Il est alors élu avec son collègue Louis Baudais à une très grande majorité. Il conserve ce poste jusqu'en 1919, date de son départ pour Ploërmel.

Achat de l'école par Paul de Farcy

La loi de 1905 ordonne la fermeture immédiate et la vente des écoles libres appartenant aux congrégations.
L'école de Mordelles[8] est saisie et le frère Émilien (M. Picard) ainsi que son adjoint sont expulsés.
Paul de Farcy intervient à plusieurs reprises et ce n'est qu'en devenant acquéreur de la maison et de son mobilier le 19 novembre 1907, qu'il peut éviter la liquidation de l'école et obtenir sa réouverture.
Tous ces tracas, ajoutés à l'âge et à plus de 45 années d'enseignement, épuisent le frère Émilien. Paul de Farcy, afin de le préserver, fait construire en 1910, du côté nord de l'école, une nouvelle classe et des chambres. En 1911, un 3e maître arrive à Mordelles ce qui permet au frère Émilien, tout en s'occupant des jeunes élèves, de prendre un peu de repos.

Décès du frère Émilien

En septembre 1915, la direction des classes et l'administration de la maison sont confiées au professeur chargé de la 1ère classe, le frère Victor Trébon et ce, jusqu'en 1928.

Après 2 attaques de paralysie en 1917 et 1918, le frère Émilien demande son hospitalisation à la clinique Saint-Jean de Ploërmel où il est admis le 24 janvier 1919.
Il décède le 8 octobre 1919 après 52 années d'enseignement.

Note archive de la congrégation à Rome

Arrivée d'autres frères

Plusieurs frères, après le frère Victor Trébon, ont assuré la direction de l'école.
De 1928 à 1934, c'est le frère Nathanaël Patard ex-directeur de l'école Saint-André de la ville d'Antrain, puis de 1934 à 1937 le frère Licinius (M. Gilbert).
En 1937 arrive le frère Constant-Émile Poidevin (frère Adolphe). Il vient de Vitré et a alors 68 ans. Dès son arrivée, il ajoute à sa classe de certificat, un cours supérieur et établit une 4e classe.
Il va connaître les années de guerre 1939-1945 et l'occupation allemande qui oblige l'école à se réfugier au moulin de Mordelles. Ayant déjà subi les assauts de soldats et la spoliation à Vitré fin 1903, il ne se laisse pas davantage impressionner par les Allemands qui envahissent la cour de son école.
En août 1945, à l'âge de 76 ans, il entre à la clinique de Josselin.
De 1946 à 1952, son successeur, le frère Paulin Danet, doit faire face à de grandes difficultés financières. La loi Baranger[9] apporte certes un peu d'oxygène mais davantage sur le plan moral que financier. C'est aussi à cette époque que meurent le comte, puis la comtesse de Farcy, grands bienfaiteurs de l'école.
En 1952, le frère Jean Lemarchand (frère Daniel-André) arrive de Pontmain ; durant les 5 années de sa direction, beaucoup de travaux sont réalisés.
Le frère Alphonse Chapeau (frère Athanase) lui succède en 1957. C'est sous sa direction qu'est acheté l'ancien bâtiment de la poste situé dans le prolongement de la cour, au croisement de la rue du docteur Dordain et de celle du Frère Emilien.
En 1963, frère Joseph Rouault (frère Emmanuel) dirige l'école et ce, pendant 14 ans. La modernisation se poursuit : fourneau puis gazinière, branchement au tout-à-l'égout, carrelage de classe, toiture, aménagement de chambres, chauffage central (1972), téléphone (1975).
En septembre 1973, la gémination, première étape avant la mixité dans l'éducation, est mise en place : l'école des filles accueille garçons et filles du CP au CE2 tandis que l'école des garçons se charge des garçons et filles du CM1 au CM2.
Le frère Léon Herrouin (frère René) remplace frère Emmanuel en 1977. Il doit gérer les premières baisses d'effectifs qui conduisent à envisager un regroupement des deux écoles catholiques.
C'est en fait le frère Joseph Pichon, nommé en 1987, qui va suivre le dossier de restructuration des deux écoles libres devenues mixtes à la rentrée de septembre 1990.

Récapitulatif :

Périodes Directeurs de l'école
1872-1915 Frère Émilien Picard
1915-1928 Frère Victor Trébon
1928-1934 Frère Nathanaël Patard
1934-1937 Frère Licinius Gilbert
1937-1945 Frère Adolphe Poidevin
1946-1952 Frère Paulin Danet
1952-1957 Frère Jean Lemarchand
1957-1963 Frère Alphonse Chapeau
1963-1977 Frère Joseph Rouault
1977-1987 Frère Léon Herrouin
1987-1990 Frère Joseph Pichon

Cliquez sur les images pour les agrandir, notamment les médailles du frère Patard et le cursus du frère Poidevin pour lire les textes.

Fusion des écoles libres en 1990

En septembre 1990, les deux écoles privées (filles et garçons) fusionnent pour s'installer sur le même site, avenue Général de Gaulle.
Mais ce n'est qu'en avril 1991 que les CM1 et CM2 rejoignent le nouveau groupe scolaire flambant neuf enfin achevé pour accueillir l'ensemble des élèves scolarisés de la maternelle au CM2.
L'année 1990 marque également le départ des frères de Ploërmel ; l'école étant confiée à des laïcs chrétiens.
La finalité de l'école continue "Faire connaître et aimer Jésus-Christ" ainsi que le disait le fondateur[10].

Source des photos et textes

Marie-Claire Piel
Frère Louis Balanant (Frères de La Mennais - Ploërmel)
Archives Anne-Marie Nédellec

Nous remercions tout particulièrement le frère Louis Balanant pour tous les documents qu'il nous a transmis.

Notes et références

  1. Jean-Marie de la Mennais est le fondateur en 1824 du centre de la Congrégation de Ploërmel situé dans l'ancien couvent des Ursulines.
  2. La dénomination "école libre" est celle employée à l'époque pour une école privée ou confessionnelle.
  3. La loi de laïcisation de 1886 instituait un délai de cinq ans pour la fermeture des écoles privées tenues par les Congrégationalistes.
  4. Locaux rue du Frère Émilien : locaux occupé par l'école libre des garçons jusqu'à la rentrée de septembre 1990, date officielle de la fusion des deux écoles privées garçons et filles. A partir de cette date, les deux écoles sont regroupées sur le même site avenue Général de Gaulle.
  5. Application de la loi Waldeck-Rousseau.
  6. Il reprend les habits civils sous le nom de M. Picard.
  7. Le 6 mars 1903, le frère Émilien et son confrère doivent quitter pour toujours leur soutane et leur crucifix pour endosser l'habit laïc.
  8. Bien qu'étant la propriété d'une Société civile dont Charles Esnault est le principal membre, l'école de Mordelles est considérée comme bien de congrégation.
  9. La loi Baranger reconnaît de manière officielle l'enseignement catholique illégal depuis 1903.
  10. Extrait du discours prononcé le 29 juin 1990 par le frère Auguste Richard à l'occasion du départ des frères.