Fêtes d'antan
Autrefois, les fêtes religieuses initiées par le clergé rassemblent beaucoup de monde. Noël, le Nouvel An, la chandeleur, Carnaval, Pâques, les Rogations, la fête-Dieu, les fêtes des écoles privées, les kermesses sont autant d'occasions de se réunir et de se divertir.
A celles-ci s'ajoutent les fêtes organisées par le conseil municipal (fête des anciens prisonniers, Fête Nationale, fête du 1er dimanche du mois d'août, célébration du 11 novembre en souvenir de la Grande Guerre, comice agricole...).
Les corps de métier tels que les pompiers ont aussi leur moment privilégié : la Sainte-Barbe.
L'année est ainsi jalonnée d'évènements destinés à rassembler et divertir la population.
A partir des années 1960, les loisirs ainsi que les moyens de locomotion se développent. La notion de fête évolue et change de forme (fête des mères, fête des pères, Halloween, Saint-Valentin, fête de la musique, festivals...).
Actuellement, toutes les associations constatent qu'il est de plus en plus difficile d'animer une commune et de réunir ses habitants.
Carnaval
Au début du XXe siècle, c'est une fête très populaire, voire une fête de bienfaisance car à cette occasion, du pain est distribué aux pauvres.
Une cavalcade est organisée avec des bicyclettes fleuries et de nombreux chars (chars des maçons, des charcutiers, des boulangers, des bébés, des lavandières...).
S'ensuivent divers jeux, des illuminations et des feux de Bengale en soirée.
Le 17 février 1920, à l'occasion de la cérémonie d'inauguration du monument commémoratif érigé en l'église paroissiale en souvenir des enfants de la commune tombés glorieusement pour la Patrie[1], Mardi Gras donne lieu à une grande fête de la Victoire organisée en l'honneur des poilus de Mordelles combattants de la Grande Guerre.
L'organisation en revient à Robert de Toulouse-Lautrec assisté d'un comité des fêtes. La tradition perdure : à l'issue de la messe, du pain est distribué aux nécessiteux. Dans le bulletin paroissial, à la rubrique "Ont offert le Pain bénit", figurent les noms des donateurs.
De même, l'après-midi est consacré à divers jeux dont des concours de tir à la carabine, des courses de bicyclettes etc.
Des illuminations et une retraite aux flambeaux clôturent la journée.
De 1997 à 2008, l'association Mask perpétue la tradition avec de nombreuses difficultés toutefois. Peu de bénévoles, peu de motivation, peu de moyens pour réaliser des chars, attirer des groupes musicaux, mobiliser des gens. Mask s'oriente vers de nouvelles animations à compter de 2008 : la fête de printemps, la Saint-Patrick, la braderie, le marché de Noël, la fête du parc...
De façon différente mais dans le même esprit festif, l'association Saphir continue à organiser chaque année un défilé costumé qui part de la mairie et rejoint le marché, place des Muletiers, avec un petit détour par l'EHPAD du Pressoir (maison de retraite). Pas de chars mais un cortège formé par les adhérents de Saphir, lesquels sont déguisés en fonction d'un thème renouvelé tous les ans.
Fêtes des écoles
C'est à partir de 1925 que l'on voit apparaître la fête des écoles publiques de Rennes, à laquelle succède dès 1930, sur le même modèle, la fête de la jeunesse des écoles libres.
C'est ainsi que le 19 octobre 1930 est organisée à Mordelles une grande kermesse en plein air, sur le terrain de sport proche du presbytère, ainsi que dans les locaux du patronage et de l'école libre des filles.
La fanfare de Mordelles, de nombreux jeux et attractions, plusieurs comptoirs de vente animent cette journée qui débute à 9 heures pour se terminer à 18 h 30.
Sur la photo ci-dessous, Henri et Maurice Costo accompagnés de Paul Girot dressent les tréteaux prêtés par Michel David. Ils mettent en place le jeu de chamboule-tout.
Pour les 4 écoles de Mordelles (2 publiques et 2 privées), cet évènement deviendra une fête annuelle.
En 2019, les infrastructures scolaires ont évolué. L'enseignement public se compose du groupe scolaire La Chesnaye (école maternelle et élémentaire), du collège Morvan Lebesque et du groupe scolaire Le Gretay (école maternelle et élémentaire). L'enseignement privé, regroupé avenue du général de Gaulle, se compose de l'école primaire l'immaculée et du collège privé Saint-Yves. Deux kermesses, l'une publique et l'autre privée, sont ainsi organisées, à une semaine d'intervalle, à la fin du mois de juin.
Fêtes de la JAC
Créée en 1929, la Jeunesse Agricole Catholique (JAC) a pour mission première de rechristianiser les campagnes.
Elle poursuit également un but éducatif et social en améliorant et organisant les conditions de vie des jeunes vivant en milieu rural au travers notamment de la formation et des loisirs.
A ses débuts, la JAC n'est pas mixte. C'est donc la JACF, fondée dans les années 30, qui poursuit le même objectif auprès des jeunes filles.
Ainsi, en 1935, la formation professionnelle (cours agricoles et artisanaux) regroupe en Ille-et-Vilaine plus de 2600 élèves.
La formation morale et spirituelle par les cercles d'études et les retraites y tient une place tout aussi importante.
Par ailleurs, les différentes fêtes (fêtes de la terre, coupes de la joie, coupes sportives, congrès) multiplient les occasions de rencontres et de débats entre jeunes du monde rural.
La photo ci-dessous date du milieu des années 50. Ces jeunes se sont mesurés au tir à la corde.
Debout, de gauche à droite, on reconnaît : Guy David, Pierre Baudais, ?, Busnel, ?, Van Balthoven, Pierre Priour, Pierre Grasland.
Accroupis, de gauche à droite, André Leroy, Michel Hazard, Maurice Rouesné, Robert Dubreil.
De nombreux articles s'accordent pour affirmer que la JAC a joué un rôle majeur dans la modernisation de l'agriculture.
Les deux photos ci-après ont été prises entre 1948 et 1950, probablement à l'occasion de fêtes des métiers organisées avec le concours de l'abbé Marcel Peltier.
Les jeunes Mordelais y présentent divers produits et outils utilisés pour les travaux en campagne.
On peut remarquer la revue sur les genoux de Marcel Costo assis au premier rang, près de l'abbé Marcel Peltier : il s'agit de "Jeunes Forces Rurales", journal bimensuel à but culturel lancé par la JAC à destination des 17-25 ans.
En haut de gauche à droite : André Rouesné, Rouesné, Touffet, Jean Nozay, Guérin (avec la fourche), Roullé, Raymond Plessis, Michel Galerne (avec le drapeau), Van Balthoven (tenant le râteau), Rouesné, Corentin Couffin (avec les outils), Maurice Costo, Michel David.
Assis, de droite à gauche : Michel Barbier (avec les outils de charron), Fontaine, Robert Tuloup, Maurice Vallée, Louis David, Pasdeloup, Marcel Costo.
Les jeunes filles participent également activement à ce mouvement.
Plusieurs jeunes filles, dont Marie-Thérèse Frohard (épouse Berthelot), portent des gerbes de blé et autres produits de la ferme.
Leur drapeau, affirmation de leur appartenance à ce mouvement, est mis en valeur lors de chaque regroupement.
Au début des années 60, la JAC se fond dans le mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC).
Fête-Dieu
Reposoir réalisé par la famille Costo
La "Fête-Dieu", appelée aussi "fête du Saint-Sacrement", célébrée en juin, donne lieu à de grandes processions catholiques dans les rues de Mordelles.
En tête, les membres du clergé portent la croix, la bannière et l'eucharistie dans un ostensoir[2].
De forme rectangulaire, la bannière de Mordelles (représentée sur la photo ci-contre, à gauche) est confectionnée dans un tissu épais orné en broderie et comporte des cordons latéraux assurant notamment une meilleure prise au vent.
Elle se porte grâce à une hampe et est particulièrement lourde ce qui nécessite des hommes robustes pour la maintenir tout au long de la procession.
La procession part de l'église et se dirige en direction de lieux où figurent des croix : la statue du Sacré-cœur près du cimetière ou des reposoirs[3] élevés pour l'occasion.
Régulièrement, les familles David et Costo dressent des reposoirs devant leur maison.
La photo ci-dessous, prise en 1950 devant la maison des parents de Michel David en compagnie du père Hervé et de la famille Holland, représente l'un de ces reposoirs.
Reposoir réalisé par la famille David
La procession fait alors une halte devant le reposoir pour prier.
Les vicaires, les religieuses, les communiants, les membres du patronage, la fanfare de Mordelles, les angelots et de nombreux Mordelais forment le cortège.
Sur tout le parcours, les maisons sont décorées de superbes guirlandes de houx et les rues jonchées de pétales de fleurs. Plusieurs jours avant la fête, dans la campagne et les jardins, les enfants ont collecté des fleurs que les angelots lancent tout au long de la procession.
Ce défilé cohabitant difficilement avec le nombre croissant de voitures circulant dans les rues, il a été supprimé.
Fête de la Saint-Jean
Elle est célébrée le 24 juin, le jour de la fête de Jean le Baptiste.
C'est une date importante à Mordelles puisqu'elle marque le début des travaux d'été dans les champs : la fenaison d'abord, puis les moissons.
C'est donc à ce moment-là que les ouvriers agricoles peuvent se voir proposer du travail dans les fermes. La veille de l'assemblée annuelle de la Saint-Jean, celles et ceux qui sont à la recherche d'un emploi ou qui souhaitent simplement se divertir, se retrouvent autour d'un grand feu de joie allumé sur le terrain des sports.
L'animation est assurée notamment par la JAC, la chorale, la fanfare "Jeanne d'Arc" et la troupe "les baladins de Mordelles".
Sur l'image ci-dessous, les baladins de Mordelles costumés en couples bretons de la Cornouaille dansent pour la Saint-Jean de juin 1949 de vieux quadrilles et "En avant deux".
Certaines années, les Mordelais viennent également y perpétuer une très ancienne coutume appelée "tirer les joncs ou la chèvre" qui consiste à faire chanter une bassine de cuivre à l'aide de joncs qu'ils font vibrer. Le son produit est un bourdonnement puissant qui s'entend de très loin.
La fête se poursuit le lendemain sur la place de l'église où des forains sont installés. C'est aussi l'opportunité pour les constructeurs et vendeurs de machines agricoles de présenter leurs matériels.
La Saint-Jean est certes l'occasion d'une fête mordelaise mais c'est avant tout une foire à l'embauche à ciel ouvert. Il s'y pratique la louée ou "foire aux domestiques" au cours de laquelle ouvriers agricoles, femmes de maison, femmes de ferme... viennent rencontrer leur futur patron avec lequel ils scellent un contrat par une poignée de main. Patrons et domestiques y discutent du prix pour la prochaine "métive[4]".
Le même type de rencontre a lieu début octobre lorsque les travaux d'été sont terminés et que démarrent ceux de la saison d'hiver.
En 2019, la fête de la Saint-Jean ne fait plus partie des fêtes mordelaises et ce, depuis quelques dizaines d'années.
Fête annuelle du mois d'août
Lancée le 3 août 1899 autour d'un grand concours de pêche, cette fête devient annuelle et a lieu, depuis 1920, le premier dimanche d'août.
Le programme de la journée inclut toujours le traditionnel concours de pêche et d'autres divertissements tels que des courses de bicyclettes, des concours de tir et de palets, des "courses aux tonneaux", des courses de chevaux et raids hippiques attelés sur route, des épreuves de natation, matches de water-polo, etc.
Certaines années, des activités plus exceptionnelles viennent enrichir la journée. C'est le cas le dimanche 3 août 1930 où sur l'hippodrome des Grands-Ponts, sont organisés plusieurs combats de boxe.
L'année suivante, le tir aux pigeons est présenté comme une attraction très originale, un spectacle de luxe, habituellement réservé aux grandes stations mondaines à la mode[5].
En 1933, la principale attraction est un grand tournoi de luttes bretonnes.
Le 7 août 1938, outre un concours d'avions miniatures proposé par la section de modèles réduits de l'aéro-club d'Ille-et-Vilaine, des promenades aériennes moyennant des souscriptions de 2 francs[6] récompensent 42 gagnants tirés au sort. Le pilote Robert de Toulouse-Lautrec est bien entendu à l'origine de ce type d'attraction destinée à promouvoir l'aviation.
En 2019, cette fête a disparu de l'agenda mordelais. A ce jour, nous n'avons pas d'informations quant à l'année de sa disparition.
Comice agricole
Le comice agricole du canton de Mordelles est créé le 12 août 1906 par le maire Paul de Farcy, le comte Albert de Freslon (Le Rheu), M. Angor (notaire à Rennes), le comte Odon de Toulouse-Lautrec et le docteur Gateau (Mordelles).
Son objet est d'encourager les progrès agricoles, hâter leur développement dans le pays, et former un centre de réunions et de relations bienveillantes entre les agronomes et les cultivateurs qui sentent l'avantage de se communiquer les fruits de leurs études et de leurs expériences[7].
Il se déroule fin septembre, début octobre.
Dans le canton de Mordelles, depuis 1920, le comice est bisannuel. Ses membres administrateurs désignent tous les deux ans une commune organisatrice parmi Chavagne, Cintré, l'Hermitage, Le Rheu, Moigné, Saint-Gilles et Mordelles.
Les concours de labourage, de bonne tenue de ferme, d'amélioration de chemins ruraux, de bovins, produits laitiers et beurriers ainsi que les démonstrations de tracteurs et de machines agricoles attirent beaucoup de monde.
C'est aussi l'occasion d'exposer des animaux de basse-cour, des fruits et légumes et toutes sortes de productions agricoles sans oublier le cidre.
Des récompenses sont allouées en espèces aux nombreux lauréats de ce concours biennal. Ainsi, lors du comice du 12 septembre 1934 présidé par le maire Robert de Toulouse-Lautrec, 9 382 francs ont été distribués, les primes individuelles allant de 15 à 250 francs.
Quand vient le tour de Mordelles d'organiser le comice, une grande partie de la commune est mobilisée, de la route de Cintré au centre-bourg et au-delà, route de Chavagne. Sur la place de l'église envahie par les étalages des forains et l'exposition de bovins, une attraction réunit beaucoup de jeunes : le jeu traditionnel du mât de cocagne[8].
Le comice agricole est un évènement important pour une commune de forte tradition agricole, c'est toujours une grande fête clôturée par un banquet auquel participent de nombreux notables locaux.
De nos jours, le comice agricole est trisannuel et a lieu à tour de rôle dans chacune des 6 communes participantes. Le dernier comice organisé par Mordelles s'est déroulé le samedi 13 septembre 2014 dans les champs du Val de Sermon.
Comice agricole |
Val de Sermon
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Mordelles, le samedi 13 septembre 2014 |
Mordelles, le samedi 13 septembre 2014
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Source des photos et textes
Archives Anne-Marie Nédellec, Michel David, Maurice Costo, Gérard Chevrier, Marie-Claire Piel, Robert Dubreil, Chantal David, Yves David, René Birot, bulletin paroissial 1949, gallica.bnf.fr / BnF.
Notes et références
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