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Le moulin de Mordelles

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Patrimoine culturel
Moulin mordelles 2023 001.jpg
Le moulin de Mordelles
Région Drapeau-breton.jpg Bretagne
Département Armoiries-35.jpg Ille-et-Vilaine
Commune Armoiries-mordelles.jpg Mordelles
Objet Histoire des moulins de Mordelles
Période XVe siècle à nos jours
Construction Date précise non connue
Références
Rédacteur(s) I. Birot
Historien(ne) Paul Banéat et Jacques Hubert
Archives Cf rubrique source des photos et textes




Le moulin ou plutôt les moulins de Mordelles
Note.jpg

Paul Banéat[1], en faisant référence à la châtellenie de Beaumont dans son livre "Le département d'Ille-et-Vilaine, Histoire-Archéologie-Monuments", mentionne que celle-ci se composait dès 1468 et encore en 1541 des deux moulins de Mordelles et du moulin de Cramoux. Cette affirmation laisse donc supposer que la date de construction des moulins de Mordelles est antérieure à 1541, sans toutefois plus de précisions sur l'année exacte.
Au milieu du 17e siècle, les moulins appartiennent toujours au propriétaire de la châtellenie de Beaumont, Anne Bruslon, comte de la Muce.
Cependant, lorsque ce dernier démembre la châtellenie de Beaumont et vend une partie de ses fiefs à différents seigneurs de la région, les moulins et les bâtiments attenants changent de main et deviennent la propriété vers 1648 de René de la Porte, seigneur d'Artois. Ils resteront ainsi liés au domaine d'Artois jusqu'en 1925, date à laquelle l'ensemble sera cédé à la famille Hubert, plus précisément à Joseph Hubert[2].
L'histoire de ce domaine est étroitement liée à l'histoire de plusieurs familles.


L'histoire du domaine

Construit sur le Meu [3] probablement antérieurement à 1468, le moulin dépend tout d'abord de la châtellenie de Beaumont, puis à partir de 1648 du domaine d'Artois.
En Bretagne, à cette époque, les gens du peuple habitant dans un certain périmètre du moulin[4] doivent y moudre leurs céréales.
Le moulin de Mordelles n'échappe pas à la règle, c'est un moulin seigneurial ou banal dans le sens où construit et entretenu par le seigneur propriétaire, il est mis à disposition des Mordelais qui sont contraints de l'utiliser contre paiement.
Le meunier est l'agent collecteur de l'impôt de banalité sur la mouture du grain. L'essentiel du pain, par contre, est fait à domicile dans des fours à pain individuels.

Dès 1648, le moulin de Mordelles est donc la propriété de la famille de la Porte de Vézins, plus précisément de Jean de la Porte[5] ou de son fils René. Au 19e siècle, cette même famille en la personne de la Comtesse de Rochemure[6] demande l'autorisation d'y établir une minoterie.

Cadastre de Mordelles en 1829

Ainsi, au tout début du 20e siècle, la minoterie est en plein rendement, cumulant à la fois l'énergie hydraulique et la vapeur (présence d'une chaudière à vapeur) et actionnant 3 paires de meules.
L'accès à la propriété se fait alors par un chemin qui se trouve sous l'actuel terrain de football[7].

En 1925, le moulin ne dépend plus du domaine d'Artois, Arnauld Bourgeois du Marais[8] l'ayant vendu à Joseph Hubert. Ce dernier fait réaliser un pont de 18 m à l'entrée et modifie l'accès qui devient celui que l'on connaît aujourd'hui (l'allée du moulin).
Pendant la seconde guerre mondiale, les Allemands occupant l'école du frère Emilien, la longère est utilisée pour y faire classe. Michel David[9], l'un de nos aînés mordelais, se souvient qu'à l'époque, les bâtiments situés à gauche, dans l'axe perpendiculaire à la minoterie, sont utilisés pour accueillir les enfants et leurs instituteurs.

Les moulins et la longère

Pour qu'en période d'inondations, les enfants puissent malgré tout accéder au bâtiment, le père de Michel, alors maçon, apportait des parpaings et des madriers pour recouvrir le sol et faire une sorte de passerelle.

La minoterie cesse son activité en 1971, la consommation de pain ayant baissé à Mordelles (comme partout ailleurs) et la concurrence des grandes unités industrielles se faisant cruellement ressentir. Elle conserve toutefois l'activité de collecte de céréales ainsi que le négoce d'engrais et d'aliments jusqu'en 1975.
Plusieurs locataires se succèdent ensuite jusqu'en 2004.

En 2013, Jacques Hubert alors propriétaire, obtient l'autorisation d'entamer de grands travaux de restauration, lui conférant ainsi une nouvelle vie. Sous l'appellation "Îlot du Moulin", le moulin abrite désormais une maison d'habitation, des salles de réunion ainsi qu'un logement au 1er étage. Le fils de Jacques Hubert, Nicolas avec l'aide de son épouse Anne-Laure, y organisent des séminaires, réceptions, mariages, cocktails et fêtes de famille. Ils y proposent également des chambres d'hôtes (3).

Description du domaine

Plusieurs bâtiments, outre une pêcherie, composent le domaine.
Tout d'abord, à l'entrée près du pont, sur la rive gauche du biais, on peut voir 2 bâtiments en terre sur fondation de pierre. A l'époque, le premier (à l'ouest) inclut au rez-de-chaussée une chambre à coucher, une cuisine, une étable et à l'arrière, un refuge pour porcs, un poulailler, une laiterie et un cellier ; le haut servant de greniers. C'est alors le logement du meunier.
Le second (vers le nord) abrite une écurie pour les chevaux et est relié à l'autre bâtiment par une toiture sous laquelle sont abritées des voitures.

Le moulin de Mordelles sur le Meu

Puis, on aperçoit 2 autres bâtiments en pierre, couverts en ardoise, soit 2 moulins séparés par une roue hydraulique, construits presque à angle droit des 2 bâtiments précédents.
L'un est un moulin à seigle (refait à neuf fin 18e siècle) et l'autre un moulin à froment. Au 19e siècle, le moulin le plus grand abritera la minoterie.
Le plus récent contient divers matériels : broyeurs, meules, convertisseurs à cylindre, bluterie et plansichter[10].
Le plus petit et plus ancien est équipé d'une machine à vapeur de 12 chevaux système Farcot[11] ainsi que d'une chaudière Field[12] de 22 m2 de surface de chauffe. Sur la photo ci-dessous, vous distinguez les 2 moulins séparés par une roue à aubes verticale.

Les deux moulins


Les bas de murs sont constitués de pierres en grès rose mauve et les toitures sont recouvertes d'ardoises. A l'époque, une haute cheminée en briques (visible sur la carte postale ci-dessus) domine l'ensemble mais cette dernière ayant été abattue, elle n'existe plus.
De même sur cette carte postale, on peut remarquer que la minoterie ne comportait que 2 étages en plus du rez-de-chaussée. Cette dernière a été réhaussée plus tard.

Une minoterie et un petit moulin

Un moulin est une machine à moudre, laquelle à l'origine actionne des meules. Les 2 meules entre lesquelles s'effectue la mouture sont d'un diamètre identique : celle du dessous est fixe et appelée dormante ou encore gisante ou chômante ; celle du dessus tournante, courante ou mouvante.
D'après certains relevés d'experts établis lors des successions au sein de la famille de la Porte et ainsi qu'indiqué précédemment, il semble qu'il y ait à Mordelles, fin 18e siècle, un moulin à seigle et un moulin à froment.
En 1858, madame Isidore de Gasté, née Visdelou de la Villetehart, fait une demande en vue de construire une minoterie ce qui lui est accordé. Cette minoterie à étages pour les appareils de bluterie, est à eau et à vapeur.
Ainsi, en 1883, un constat indique que le moulin possède 2 roues hydrauliques motrices, la petite du moulin et la grande de la minoterie, un vannage de décharge de 8 portes ainsi qu'une chûte d'eau de 1m52. Le déversoir, rive gauche, de 16 m, n'est construit qu'en 1898.
En 1892, un incendie se déclare dans le petit moulin annexé à la minoterie.

Minoterie et moulin

Roue hydraulique

La roue hydraulique actuelle, Sagebien, d'une largeur de 2m80 et d'un diamètre de 5m30, a été installée fin 1951 en remplacement de la turbine entre le moulin et la minoterie.
A la même période, la minoterie est surélevée d'un 3e étage.
Cette dernière cesse son activité en 1971.

Les meuniers

En 1788, le moulin de Mordelles est exploité par le meunier Jean Huby[13] et son épouse Perrine Allouard[14].
Il est ensuite loué à la famille Bohuon de 1808 à 1922. Le premier est Augustin Pierre Bohuon[15] marié à Anne Barbot[16]. Plusieurs générations se succèdent jusqu'à Constant Bohuon[17] qui exploite le moulin jusqu'à fin septembre 1922.
L'histoire ne s'arrête pas là puisque la sœur de Constant Bohuon, Anne Marie Perrine, a une fille cadette, Marie Joseph, qui épouse Joseph Marie Hubert.
Ce couple (les grands-parents de Jacques Hubert) achète le moulin en mars 1925 et c'est ainsi que, grâce à cette alliance, la famille Bohuon reste liée à l'histoire du moulin de Mordelles.

Les autres employés

Beaucoup ont travaillé au moulin et tous ne peuvent pas être cités. Retenons toutefois quelques noms.
Tout d'abord, Lucien Hochet[18] qui exerce l'activité de meunier à Mordelles pendant 32 ans et prend sa retraite en mars 1971.
Puis, Louis Gourheux[19] qui est chauffeur livreur jusqu'en mars 1973.
Un autre chauffeur livreur, en la personne d'Ange Brière[20], qui exerce pendant 25 ans jusqu'en juin 1975.
Enfin, Yves Huby[21] qui est présent également au milieu des années 60 avant de s'installer comme agriculteur.

La famille Hubert

Joseph Hubert

La famille Hubert devient propriétaire du moulin en mars 1925 et ce, sur plusieurs générations. Les premiers propriétaires sont Joseph Marie Hubert[22] et son épouse Marie Joseph Morlais[23].
Cette dernière est née au moulin, c'est la fille d'Anne Marie Bohuon et la nièce de Constant Bohuon.
Tout d'abord commissaire voiturier, Joseph Marie Hubert sera ensuite marchand de grains, pommes, cidre, engrais et fourrage lorsqu'il décidera, avec Marie Joseph Morlais, d'acquérir le moulin de Mordelles.
Dès cette époque, la famille Hubert fait partie des notables de Mordelles, possédant ainsi qu'onze autres familles un numéro de téléphone en 1914.

Activité Hubert Frères

Il y avait en effet 12 numéros affectés et Joseph Marie Hubert avait le numéro 4 au titre de son activité de marchand de grains.
Au décès de Joseph Hubert en 1946, ses fils Joseph[24] et Jean[25] développent l'activité meunerie, collecte de céréales, engrais et alimentation du bétail.
Lorsque l'activité de la minoterie cesse en 1971, Jean Hubert continue le négoce engrais aliments et l'activité collecte de céréales jusqu'à son décès en 1975.
Actuellement en 2024, le moulin appartient toujours à la famille Hubert, Jacques Hubert, le fils de Jean, ayant eu l'autorisation de faire rénover les bâtiments en 2013 tout en changeant leur destination.
Le fils de Jacques Hubert, Nicolas, et son épouse Anne Laure habitent désormais au moulin où ils exploitent les salles de réunion aménagées dans la longère ainsi que des chambres d'hôtes.

Galerie de photos

Source des photos et textes

Jacques et Nicolas Hubert (livre "Le moulin de Mordelles", décembre 2022, sources et rédaction Jacques Hubert), site inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr, gallica.bnf.fr / BnF, R. Birot (photos en couleur), livre "Le département d'Ille-et-Vilaine, Histoire-Archéologie-Monuments" publié en 4 volumes en 1929 par Paul Banéat (1856-1942), Michel David.

Notes et références

  1. Paul Banéat (1856-1942) a laissé plusieurs écrits fort bien documentés et notamment "Le département d'Ille-et-Vilaine, Histoire-Archéologie-Monuments" publié en 4 volumes en 1929
  2. Joseph Hubert (1878-1946) le premier propriétaire du moulin.
  3. Le Meu, une des deux rivières qui traversent Mordelles
  4. La banlieue du moulin représentait une zone de 2 400 toises c'est-à-dire la distance effectuée à pied ou qu'un âne chargé de grains pouvait parcourir en une demi-journée.
  5. Jean de la Porte, seigneur d'Artois est né en 1605. Il est marié à Emmanuelle le Meneust de Bréquigny. Il a 2 enfants : René (1633-1682) et Denise.
  6. La comtesse de Rochemure, née Anne Marie de Gasté (1853-1894), est une descendante de Jean de la Porte, plus précisément de sa fille Denise.
  7. Accès du moulin par un chemin situé sous le terrain de football actuel ; sources site ilotdumoulin.fr.
  8. Arnauld Bourgeois du Marais : 1867-1951, descendant de Denise de la Porte et grand-père d'Isabelle Bourgeois du Marais, l'actuelle propriétaire du château d'Artois.
  9. Michel David est un Mordelais de souche, il était maçon à Mordelles. Il a 92 ans en 2023.
  10. Un plansichter est un matériel servant à tamiser la farine.
  11. Machine à vapeur Farcot : machine à vapeur construite en 1856.
  12. La chaudière Field est une chaudière verticale à foyer intérieur.
  13. Jean Huby (1750-1808).
  14. Perrine née Allouard (1756-1797), épouse de Jean Huby.
  15. Augustin Pierre Bohuon (1779-1832).
  16. Anne Barbot (1778-1839)
  17. Constant Bohuon (1861-1925)
  18. Lucien Armand Marie Hochet (1911-1975).
  19. Louis Célestin Gourheux (1908-1996).
  20. Ange Marie Brière (1915-2009).
  21. Yves Huby (1931-2019).
  22. Joseph Marie Hubert (1878-1946).
  23. Marie Joseph Morlais, épouse de Joseph Hubert, est née en 1881.
  24. Joseph Marie Auguste (1910-1966) est le fils de Joseph Hubert, premier propriétaire du moulin.
  25. Jean Joseph (1912-1975) est le frère de Joseph Marie Auguste et le fils de Joseph Marie Hubert, premier propriétaire du moulin.