Les origines de l'Aide Familiale Rurale à Mordelles
En 2018, c'est l'ADMR[1] Les Rives du Meu[2], réseau d'aide à domicile en milieu rural et association locale basée à Chavagne, qui intervient sur la commune de Mordelles.
Ce service à la personne a vu le jour à Mordelles, après la seconde guerre mondiale, dans les années 50, grâce à un maçon mordelais, Michel David, et à son épouse Louisette.
Tous deux décrivent et expliquent les évènements de l'époque qui ont conduit progressivement une poignée de femmes et d'hommes à créer les structures d'une aide familiale rurale dans notre commune.
Les Aides Familiales Rurales en 1957
En 1957, Michel David gère une entreprise de maçonnerie. A cette époque déjà, il lui incombe de faire passer une visite médicale annuelle à chacun de ses ouvriers et il ne déroge pas à la règle.
Malheureusement, l'un de ses employés est diagnostiqué porteur de la tuberculose, une maladie fort contagieuse. Afin d'éviter tous risques de propagation du virus, il doit être placé en isolement et séparé des siens.
Sa femme étant alors sur le point d'accoucher et ses enfants encore en bas âge, ils ont absolument besoin d'un soutien familial.
En l'absence du père, qui va pouvoir assurer ce rôle ?
C'est un véritable problème car en 1957 à Mordelles, les associations à but social sont encore pratiquement inexistantes et surtout, les personnes vivant en milieu rural ont l'habitude de faire face à leurs problèmes sans l'aide de personne.
Michel et Louisette s'adressent malgré tout aux deux seules structures capables de répondre, les associations locales des Aides Familiales Rurales (A.F.R.), basées à l'époque à Montgermont et Betton.
Celles-ci ont en effet pour mission de proposer aux familles demandeuses, des jeunes femmes issues de la campagne et formées pour les aider dans leurs tâches quotidiennes (ménage, soins envers les nouveaux nés, éducation des enfants, aide à l'organisation...).
Les A.F.R. sont, à la sortie de la seconde guerre mondiale, les premières associations créées pour aider les familles.
Les débuts de l'aide familiale à Mordelles
Michel et Louisette obtiennent par l'intermédiaire de ces associations les coordonnées d'une jeune personne âgée d'à peine 20 ans mais à la fois compétente et disponible pour venir aider temporairement la famille dans le besoin.
Toute une organisation se met alors en place pour accueillir et loger cette jeune fille à Mordelles. Le maire Robert de Toulouse-Lautrec fait voter une subvention et met à sa disposition une mansarde au 2e étage de la mairie.
Michel et Louisette sollicitent ensuite les Mordelais pour participer à l'aménagement de cette pièce qui est vide. Certains prêtent des meubles, d'autres confectionnent des rideaux, d'autres encore aident à monter le bois donné par des agriculteurs et qui servira à alimenter un poêle à bois lui-aussi fourni gracieusement. Chacun, riche ou pauvre, contribue selon ses moyens.
Le père Mellet, aumônier de la jeunesse agricole catholique féminine (JACF), s'investit également à leurs côtés.
A cette époque, les jeunes filles qui assurent les fonctions d'aide familiale sont des personnes reconnues et très respectées dans les campagnes. Elles sont invitées et reçues dans beaucoup de familles, y compris les familles bourgeoises.
Une association A.F.R. à Mordelles
Sous l'égide de la fédération départementale des aides rurales, courant 1957 ou début 1958[3], une association A.F.R. est créée dans le même temps à Mordelles.
Michel en est le président et il s'entoure d'une vingtaine de membres ; ce sont des exploitants agricoles, des ouvriers, des notables.
Les services de cette association sont ouverts à toutes les catégories sociales.
Pour son bon fonctionnement, lorsqu'un assuré d'une caisse sociale[4] sollicite une aide familiale, c'est l'organisme social concerné qui s'acquitte du paiement auprès de l'association.
En effet, la somme alors versée par cet organisme étant supérieure au prix de revient de la prestation, la marge ainsi récupérée permet à l'association de financer des interventions auprès de personnes âgées sans couverture sociale.
Ce système est à l'époque inédit puisqu'il permet pour la première fois de rendre beaucoup de services à domicile, envers des gens vivant à la campagne qui n'ont pas du tout l'habitude d'être aidés. Bien que non habituées, ce sont des personnes qui en ont pourtant grandement besoin.
Un pas important est alors franchi à Mordelles avec la création de cette première association d'aide familiale rurale qui fait suite à un bel exemple d'entraide entre les habitants.
Le nouveau sigle ADMR ou Aide à Domicile en Milieu Rural apparaît en 1976. Puis, afin de développer le service en milieu urbain, cette désignation "Aide en milieu rural" est abandonnée en 1998 au profit du seul sigle ADMR. Depuis 2010, plutôt que du service à domicile, l'ADMR se veut être la référence du service à la personne.
Sources des photos
R. Birot (photo de Louisette et Michel prise en 2014), B. de Blignières (R. de Toulouse-Lautrec), M. David (Michel à son bureau en 1952).
Notes et Références
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