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Les pressoirs

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Les pommiers mordelais
Pressoir source Internet
Un pressoir à pommes
Région Drapeau-breton.jpg Bretagne
Département Armoiries-35.jpg Ille-et-Vilaine
Commune Armoiries-mordelles.jpg Mordelles
Objet Les métiers autour de la pomme
Période 1900 à 1960
Références
Collection Voir "Sources"
Rédacteur(s) A.M. Nédellec, I. Birot
Archives A.M. Nédellec




Au temps des pressoirs
Note.jpg

La pomme est une richesse pour l’Ille-et-Vilaine dans les années 1930. Ainsi en 1934, 4 500 wagons de pommes partent pour l’Allemagne ce qui correspond à environ 50 000 tonnes. Toujours cette même année, les distilleries du département produisent plus de 85 000 hectolitres d’alcool, soit 170 000 tonnes de pommes.
La quantité totale de pommes récoltées dans le seul département de l’Ille-et-Vilaine correspond à 1/5 de la production totale française. Pratiquement chaque ferme possède un pressoir. Avant la seconde guerre mondiale, le cidre constitue pour les agriculteurs la production la plus rentable surtout s'ils sont à proximité d'une ville. Ainsi, le cidre vendu à Rennes est payé en moyenne 7% plus cher que dans le reste du département[1].
A Mordelles, une économie s’est développée autour de la pomme ; on y trouve une distillerie, deux cidreries, des négociants en pommes et cidre et des bouilleurs de cru.



La distillerie de cidre

Début 1900, autour du bourg de Mordelles, les pommiers sont omniprésents. La collecte des pommes débute en septembre et se fait manuellement.
En 1922, Emmanuel et Yves Savidan, tous deux distillateurs, créent une Société en Nom Collectif pour l'exploitation d'une distillerie de cidre dont le siège social est aux Grands-Vauquigneux, route de Chavagne.
Les agriculteurs viennent y déverser leurs pommes qui sont transformées en cidre, puis en eau-de-vie.
C’est dans les années 1930 que la Société Coopérative Agricole « les Coteaux du Meu » fait l’acquisition de cette distillerie.

Les pommiers autour de Mordelles dans les années 60 Distillerie route de Chavagne vers 1950

Les bouilleurs de cru

Les bouilleurs de cru ambulants mordelais, successivement Jean-Pierre Huet (habitant aux Géraults), Constant Bigot (résidant au bourg), Pierre Galerne (originaire du Vert-Bois), puis Alphonse Saint-Ouen, s’installent dans des endroits précis autorisés par les douanes et dénommés ateliers publics.
On en dénombre deux à Mordelles dans les années 30 : le premier est situé à l’angle de l'allée de la scierie [2] et de la rue du docteur Dordain et le second au lieu-dit la Chapelle[3].

Constant Bigot et son alambic


La veille de la distillation, les producteurs souhaitant obtenir de la goutte doivent aller chercher un acquit attestant le paiement d’une taxe. Cette démarche se fait chez un auxiliaire de l’administration fiscale assermenté et chargé de percevoir les impôts indirects[4].
Le lendemain matin, les fermiers apportent leur barrique de cidre ou de lie[5] ainsi que le bois destiné au fonctionnement de la chaudière. Cette dernière est d'ailleurs toujours installée près d’un puits car elle a besoin d'eau pour fonctionner.
En fin d’après-midi, ils reviennent chercher leur eau-de-vie[6], munis d’un nouvel acquit leur donnant le droit de circuler en possession de goutte.
A l’époque, la goutte est très appréciée, après ou dans le café.

Le commerce des pommes "à couteau" et à cidre

Les pommes "à couteau" sont les pommes destinées à la consommation. C'est cependant le commerce des pommes à cidre qui est le plus important.
Henri Lelardoux fils raconte dans son livre "Histoires d’Henri… Histoire d’en rire !" l’effervescence de la période de récolte des pommes qui démarre à partir de septembre. Il précise notamment que "les pommes douces et douces amères étaient destinées à la fabrication du cidre, alors que les pommes aigres blanches étaient prisées pour les compotes et marmelades". Cliquez sur l'extrait ci-après pour agrandir et lire le texte d'Henri Lelardoux.

Extrait du livre écrit par Henri Lelardoux


Avant 1900, son grand-père Pierre Beucher crée un négoce de pommes et de cidre en gros, activité reprise par son père Henri Lelardoux jusqu’en 1950 environ.
En 1900, 3 autres commerces de cidre et/ou de pommes en gros sont présents sur la commune : ceux de Pierre Hubert[7], de Joseph Jubault et d’Alexandre Paty.

Les cidreries

A la fin du XIXe siècle, on note la présence de deux cidreries à Mordelles : les cidreries Hubert-Baudais[8] et Baudais-Le Petit installées respectivement rue du frère Émilien et dans la cour sise au numéro 1 de la rue de Lorient. Elles fonctionneront jusque dans les années 60, période à partir de laquelle la production de cidre mais aussi son image de marque régressent fortement au plan national au profit du vin et de la bière.

Cidrerie Pierre Hubert-Baudais


A la fin du XIXe siècle, les propriétaires des cidreries possédent de nombreuses prairies plantées de pommiers et assurent ainsi leur production.
Lors des bonnes récoltes, ils produisent 180 barriques de cidre, soit près de 40 000 l[9].
Le cidre est vendu dans les cafés rennais. Son transport s’effectue dans de grosses charrettes ornées de lampions car le cidre doit être livré avant 6 heures du matin pour un trajet qui peut durer 4 h[10]. Le cidre peut être conservé de deux manières : en tonneau ou en bouteille. A la campagne, on préfère le stocker dans des tonneaux car il n'est pas gazeux, il est plus "plat", il évolue et prend du goût. On le tire à la clé[11].

La qualité du cidre mordelais

Les agriculteurs et industriels mordelais sont régulièrement récompensés pour la qualité de leur cidre aussi bien au niveau départemental que cantonal. En voici quelques exemples.
En 1933, la commune se distingue en effet lors du concours national des cidres qui a lieu à Rennes.
Pierre Hubert (cidrerie Hubert-Baudais)y reçoit la médaille d’or tandis qu'Henri Lelardoux se voit gratifier de celle de bronze du meilleur cidre en bouteilles dans la catégorie industriels.
Dans la catégorie agriculteurs, Alexis Georges, employé à la ferme du château de la Haichois, obtient la médaille d’or.
En 1934, lors du comice agricole du canton de Mordelles, le prix du meilleur cidre bouché dans la catégorie récoltants est attribué à Pierre Hubert de la cidrerie Hubert-Baudais située rue du Frère Émilien. Le second prix revient à Constant Lebreton d’Hatillé et le troisième à Louis Lehagre de la Basse-Grillonnais.
Le concours national de pomologie à Pontivy en 1936 récompense à nouveau Louis Lehagre qui reçoit le prix du Président de la République pour le meilleur cidre en fûts dans la catégorie agriculteurs.

Le pressoir de Sermon

C'est le pressoir utilisé autrefois à la ferme de Sermon qui figure actuellement dans le parc du Pressoir, près de la maison de retraite. Il a au moins 100 ans.
C'est un modèle avec système à vis, sans cage, dont la pression est assurée par un système à clavette ou à chien.

Le pressoir de Sermon dans le parc du Pressoir Source Internet


Les fruits broyés, des pommes de différentes variétés (Lèche-Pépin, Doux-Amer, Bédange Rouge etc.), sont chargés dans la carrée (la maie) du pressoir à l'aide d'une pelle. On dispose une couche de 20 cm, en alternance avec une couche de paille. On installe ainsi 3 ou 4 couches successives pour procéder ensuite au pressurage.
La ferme de Sermon est, elle aussi, réputée pour faire à l'époque un excellent cidre.
Voici une ancienne photo de ce pressoir fournie par Stéphane Gautier :

Source Stéphane Gautier


Sources

Archives A.M. Nédellec, Ecomusée du Pays de Rennes, Livre d'Henri Lelardoux "Histoires d'Henri...Histoire d'en rire!", Mordelles Mag' mars/avril 2016 (la page d'histoire), R. Birot, S. Gautier.

Notes et Références

  1. Source : écomusée du Pays de Rennes (extrait du texte du montage audiovisuel sur la fabrication du cidre).
  2. En référence à l’ancienne scierie Persais.
  3. Près du porche du Pâtis.
  4. Impôts indirects : impôts existant avant la création de la TVA.
  5. Lie : dépôt du cidre.
  6. Eau de vie : pas plus de 1000 degrés d’alcool autorisés.
  7. Cidrerie Hubert-Baudais.
  8. Cidrerie Hubert-Baudais : reprise par Albert Hubert dans les années 30, puis par Eugène Gilles.
  9. Une barrique = 220 litres.
  10. Propos recueillis auprès des aînés mordelais.
  11. Source : écomusée du Pays de Rennes (extrait du texte du montage audiovisuel sur la fabrication du cidre)