Mordelles, ville aéronautique
Marcel Travers, mécanicien et, au titre de ses loisirs, pilote et constructeur amateur d’avion.
Un constructeur amateur
Dans les années 40, un constructeur aéronautique mordelais marque les esprits en produisant dans les kermesses et petites fêtes locales l'objet d'un long travail personnel : un avion qu'il a construit dans sa maison.
Né le 26 juillet 1913, cet homme peu ordinaire s'appelle Marcel Travers.
C'est un mécanicien de formation.
Pendant la seconde guerre mondiale, il travaille à Rennes dans un garage Ford.
Après la guerre, il vient s'établir à Mordelles où il est logé route de l'Hermitage par son nouvel employeur, "les établissements & ateliers Jean Prost", représentant également la marque Ford. A cet endroit, Jean Prost a en effet acheté un bâtiment qui servait, pendant la guerre, de dépôt de grains et denrées agricoles aux Allemands. Il l'a transformé en garage et c'est là que Marcel Travers, qui est alors gardien-mécanicien, exerce pendant plusieurs années.
Passionné par l'aviation, Marcel Travers passe et obtient son brevet de pilote le 24 avril 1937.
Il aurait pu se contenter de piloter les avions mis à sa disposition par l'aéroclub de Rennes Saint-Jacques, toutefois son goût pour les moteurs et la mécanique le pousse à aller plus loin.
Il s'inspire d'un homme nommé Henri Mignet qui imagine et fabrique un petit avion qu'il veut très simple de conception, fiable et peu coûteux.
Toutes les étapes de la construction de ce petit avion baptisé "Pou-du-ciel" figurent dans un livre intitulé "Le sport de l'air", manuel publié la première fois en 1934.
Manuel de construction d'Henri Mignet
Marcel Travers se procure la nouvelle édition de 1937 pour entreprendre, pendant ses moments de liberté, la réalisation de son propre avion.
Le fruit d'un travail minutieux
Lorsque 2 ans plus tard, ayant terminé, il présente son travail à ses proches, son épouse n'est pas conquise pour autant.
Il a beau essayé de la persuader de la fiabilité de sa construction, elle ne l'autorisera jamais à voler avec.
Alors, c'est attelé à une superbe voiture décapotable que son avion se produit dans les fêtes aux alentours.
Pour le plaisir de tous ses admirateurs, Marcel Travers s'installe aux commandes et fait démarrer le moteur. Vraisemblablement, un peu frustrant tout de même.
Alors a-t-il cédé à la tentation et a-t-il fait voler un jour son avion en cachette ? L'histoire ne le dit pas.
L'avion est vendu quelques années plus tard à l'aéroclub du Mans avec la voiture décapotable.
Nous ne savons pas ce qu'il est devenu.
Quant à Marcel Travers, il va s'établir dans le sud de la France du côté de Fréjus où il repasse en 1968 son brevet de pilote qui est alors périmé.
Il vole à cette époque sur des avions dont les noms évoquent toujours de bons souvenirs aux passionnés : Piper, Jodel, Emeraude...
"Le pou du ciel"
Henri Mignet, le créateur de cet appareil "le pou du ciel", est une sorte d'utopiste qui aurait aimé voir voler le plus grand nombre de personnes, à moindre coût et en sécurité. Son avion répond bien à ces critères :
- position des ailes éliminant tout risque de décrochage en vrille[1],
- aile avant mobile et servant de plan de profondeur (montée/descente),
- construction amateur donc à la portée de beaucoup et pas chère, son livre apportant par ailleurs tous les plans nécessaires à la réalisation complète de l'appareil.
Pour un mécanicien tel que Marcel Travers, le challenge est vraiment intéressant.
Aujourd'hui, il existe encore quelques-uns de ces appareils (encore récemment à Rennes Saint-Jacques) qui sont tous issus de construction amateur et classés en ULM (planeur ultra-léger motorisé).
La bénédiction de l'avion de Marcel Travers
article sur la bénédiction de l'avion à la Chapelle-Thouarault
C'est grâce à Maurice Costo que nous avons eu connaissance de cette histoire.
Nous remercions l'épouse de Marcel Travers et sa fille qui ont accepté de nous communiquer les documents attestant de cette aventure (livre "Le sport de l'air", licence de pilote, carnets de vol, photos...).
Sources des photos
Famille Travers, archives A.M. Nédellec collection privée
Notes et références
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