Le château d'Artois
[1]Le domaine d'Artois est une ancienne seigneurie qui appartient au Moyen Âge aux seigneurs d'Artois.
A l'origine, il se compose d'un manoir appelé "La Rivière", en référence au Meu qui entoure la propriété.
Au XVe siècle, probablement en 1427, il est transmis aux Le Vayer qui le vendent vers 1490 à la famille Gougeon.
Un aveu du 5 mai 1556 indique que le domaine se compose alors des "manoir, motte ancienne, douves et pont-levis, colombier, rabines, bois et pourpris[2] de la Rivière".
Lorsque Renée Gougeon, dame héritière d'Artois, donne naissance en 1605 à Jean de la Porte[3], elle transmet le domaine à plusieurs générations de la famille de la Porte, les constructeurs de l'actuel château érigé pendant la seconde moitié du XVIIe siècle.
Les propriétaires
Blason François Louis Rousselet
La vicomtesse d'Artois, Marie Anne Renée de la Porte[4], petite fille de Jean de la Porte et fille de René de la Porte[5], se marie en 1684 avec François Louis Rousselet[6], marquis de Châteaurenault.
Les membres de la famille de la Porte sont les constructeurs de l'actuel château. Ainsi, le style du château d'Artois (construction non fortifiée) et de ses dépendances daterait de 1675 ou 1685.
Ci-contre, le blason de la famille de François Louis Rousselet "D'or, à un chêne de sinople, englanté du champ." En héraldique, le chêne symbolise la force et la puissance, le sinople désignant la couleur verte.
De leur union, naît un seul fils Emmanuel Rousselet[7].Ce dernier ayant 2 filles, la seigneurie de la vicomté d'Artois passe entre les mains des comtes d'Estaing lorsque Marie Sophie Rousselet[8], dame d'Artois, épouse en 1746 Charles Henri, Amiral de France et comte d'Estaing. Leur fils unique, Théodat d'Estaing, décède très jeune.
Sans postérité, ce mariage arrangé connaît de nombreux écueils conduisant les deux époux à envisager une séparation dès 1767. La répartition des biens, propriété essentielle de Marie Sophie de Rousselet, tourne à l'affrontement. Lors du décès de cette dernière en 1792, le comte d’Estaing n'est plus seigneur d'Artois depuis plusieurs années.
Fin du XVIIIe siècle, tout début du XIXe, le domaine revient à la famille Visdelou Seigneur de la Villethéard[9] ou pour reprendre les écrits de l’époque à l’émigré François Louis Xavier Visdelou Villetehart. En effet, émigré avec son épouse Guillemette à Jersey pendant la révolution française, il fait partie de ceux qui peuvent racheter les biens dont ils ont été spoliés grâce à la loi dite "du milliard aux émigrés[10]". Le château d'Artois lui est ainsi restitué le 20 février 1800[11].
Mais peu de temps après, François Louis Xavier de Visdelou décédant en 1820, le domaine d'Artois entre en possession de la comtesse de Rochemure[12].
Depuis 1898[13], la famille Bourgeois du Marais est propriétaire du château, notamment Arnauld Bourgeois du Marais décédé en 1951 à Mordelles et son fils Arthur Marie Paul Henri décédé en 2004, également à Mordelles.
Le château d'Artois
Le château d'Artois se trouve au bord du Meu entre Mordelles et Talensac.
Lorsque René de la Porte hérite du domaine, il fait construire le logis actuel pendant la seconde moitié du XVIIe siècle d'après les plans de l'architecte P. Lecompte [14]Daté de 1685 et reconstruit à l’emplacement d’un ancien manoir du Moyen Âge, le château a une allure très sobre.
Il est cependant remarquable notamment grâce aux douves qui l'entourent, à ses 365 ouvertures et ses nombreuses cheminées.
Par ailleurs, il s'inscrit dans un grand espace paysager qui le met en valeur.
Le château actuel, peu modifié depuis le XVIIe siècle[15], a conservé une grande authenticité malgré un incendie en 1939 (détaillé ci-après).
Il porte sur le fronton d'entrée la date de 1645.
L’aile des communs située perpendiculairement au corps du logis (Cf la vue aérienne présentée en introduction de cet article) est probablement issue de l’ancien manoir "La Rivière".
Tout près du logis mais au delà des douves, se trouve toujours l'orangerie du château.
Ainsi que le montre la photo ci-contre, il s'agit d'un petit bâtiment rectangulaire. Ses ouvertures, très différentes de celles du château, se présentent en arc brisé. Sa porte centrale est surmontée d'une lucarne à fronton triangulaire insérée dans la toiture.
Le domaine inclut suivant les époques plusieurs moulins. Outre celui qui est toujours situé à proximité du château et perpendiculairement au Meu (Cf photo ci-après), il convient de citer le moulin de Mordelles[16] construit en 1656 près de l'église et du centre du bourg.
Son premier propriétaire est ainsi René de la Porte, comte d'Artois et baron de Beaumont, et son dernier propriétaire Arnauld Bourgeois du Marais qui le vend en 1925 à Joseph Hubert et son épouse Anne Marie Morlais[17]. Aujourd'hui, le moulin de Mordelles appartient toujours à la famille Hubert.
Le domaine abrite également une petite chapelle construite sur une hauteur et masquée par des arbustes. Consacrée à Sainte-Christine, elle accueille encore aujourd'hui les sépultures des propriétaires d'Artois.
L'ensemble du domaine d'Artois est inscrit au titre des monuments historiques par un arrêté du 21 mai 2014[18], soit : le logis et le bâtiment des communs en retour, la chapelle Sainte-Christine, l'ancien moulin, les communs à l'ouest du château, l'orangerie, les murs d'enceinte, les douves, la motte castrale située sur la commune de Talensac (cad. F 143) et le sol d'assiette des parcelles du château.
L'incendie de 1939
Dans la nuit du 29 au 30 janvier 1939 se déclare un incendie dans l'aile droite du château.
La photo ci-contre, extraite du journal L'Ouest-Eclair du 31 janvier 1939, montre l'ampleur des dégâts (partie située à gauche sur la photo).
La toiture est entièrement détruite et avec elle, du mobilier, des tapisseries et d'authentiques peintures du XVIIe siècle.
C'est en effet dans cette aile que les propriétaires ont aménagé leur cuisine, leur salon et leur chambre à coucher.
Ils y ont également abrité leur bibliothèque et ce sont près de 30 000 livres anciens qui ont été détruits par le feu.
Le bâtiment central a heureusement pu être sauvegardé grâce à l'intervention rapide des sapeurs-pompiers de Mordelles commandés par Louis Costo et secondés par les pompiers de Rennes.
Il faut également souligner le soutien de nombreux bénévoles mordelais, commerçants et agriculteurs, qui se sont précipités en pleine nuit pour apporter leur aide et mettre à l'abri tout ce qui pouvait être retiré des pièces alors épargnées par les flammes.
Nos aînés mordelais ont toujours cherché à protéger leurs châteaux, patrimoine qu'ils respectaient énormément.
Ainsi qu'en témoignent les photos prises récemment, le château a été parfaitement réparé suite à cet incendie.
Le moulin du château d'Artois
Sur la photo ci-contre, une vue aérienne de l'ancien moulin d'Artois situé à l'intérieur du domaine, perpendiculairement au tracé du Meu.
En fait, à l'origine, il n'y a pas un seul mais deux moulins.
Tous deux sont proches, à quelques mètres d'intervalle, le second moulin étant installé sur la rive gauche du biais.
Aujourd'hui, il n'en reste plus qu'un seul.
Construit en moellons de schiste, il a cessé de fonctionner courant des années 1950.
Pendant les dernières années de son exploitation, un moteur de tracteur est utilisé pour pallier les défaillances de la roue. Cette dernière (verticale) est toujours en place mais très abîmée.
Galerie de photos
Source des photos et textes
site inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr, gallica.bnf.fr / BnF (incendie en 1939), site culture.gouv.fr (inscription au titre des monuments historiques), site gw.geneanet.org (généalogie des familles propriétaires), site ilôtdumoulin.fr (famille Visdelou Villetehart), archives Anne-Marie Nédellec (collection privée), Gilles Herbreteau, R. Birot (photos en couleur et photos aériennes).
Notes et références
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