Le château de Beaumont
Le château de Beaumont est une propriété privée située à la sortie du bourg de Mordelles, sur la route de Rennes. Il est bâti sur un site alloué, au Moyen Âge, à une importante seigneurie. Le seigneur y exerce, à cette époque, la haute justice à Mordelles.
De cette période médiévale, il ne reste que très peu de vestiges à l'exception d'une motte castrale au nord du château et d'une chapelle datant probablement du XIIe siècle, initialement dédiée à Saint-André.
Selon un aveu de 1686[1], le château actuel est "basti à la moderne" par la famille Greffier, alors propriétaire du domaine.
Fin du XVIIIe siècle, il est vendu à la famille de Farcy de la Villedubois qui le confie à Joachim-Joseph de Farcy [2], qui porte le titre de seigneur de Beaumont.
C'est à compter de 1936 que la propriété de Beaumont est acquise par René Frignet des Préaux. Sa petite-fille, Isaure d'Hautpoul[3], conserve le domaine jusqu'à fin septembre 2021.
Une importante seigneurie au Moyen Âge
A cette époque, il existe, aux environs de Rennes, plusieurs seigneuries appelées Beaumont. De ce fait, il est difficile de nommer avec certitude les premiers possesseurs du domaine situé à Mordelles.
Chapelle initialement dédiée à Saint-André
Toutefois, selon Paul Banéat[4], célèbre historien français spécialiste de la Bretagne, "il est indubitable qu'un certain chevalier appelé Raoul de Beaumont mourut le lundi après la mi-carême 1405" et que sa veuve, Isabelle de Montfort, ayant reçu en dot la seigneurie de Beaumont, la transmet à sa mort en 1422 à son petit-fils, Jean Raguenel[5], vicomte de la Bellière.
En 1433, ce dernier obtient du duc Jean V l'érection de la seigneurie de Beaumont en haute justice[6] sachant que celle-ci s'étend alors sur 10 paroisses.[7]
En 1541, le domaine est toujours imposant et se compose au moins des "motte, manoir, chapelle et douves de Beaumont", d'un étang, des deux moulins de Mordelles et du moulin de Cramoux, de la métairie noble de Cramoux, du bois de la Toucheronde, des bois et garennes de Beaumont et Cramoux et du droit de pêche dans la rivière du Meu.
Ci-contre, une photo de la chapelle, vestige de cette époque et datant probablement du XIIe siècle (état en 2021).
D'un vieux manoir délabré à un nouveau corps de logis au XVIIe siècle
Un aveu de 1630[8] cite "l'emplacement d'un vieil chasteau tout ruisné auquel il n'y a plus qu'un portail aussi fort ruiné avec des douves alentours."
"Ce vieil chasteau" est situé à cette époque près de la chapelle dans une zone très humide.
La demeure médiévale est alors en ruine et de l'époque moyenâgeuse, il ne reste plus guère que la chapelle, un réseau de douves et d'allées ainsi que la motte castrale.
En effet, après le décès de Jean Raguenel, le domaine passe entre de nombreuses mains et notamment, au milieu du XVIIe siècle, entre celles d'Anne Bruslon, comte de la Muce. C'est ce dernier qui démembre la châtellerie de Beaumont.
Selon Paul Banéat, Anne Bruslon sépare les fiefs la composant pour vendre les parties ainsi constituées à différents seigneurs de la région.
René de la Porte, seigneur d'Artois, fait partie de ces acheteurs ce qui explique probablement que le moulin de Mordelles ait fait partie du domaine d'Artois.
Après le démembrement, la seigneurie de Beaumont ne se compose plus que d'une "petite partie du fief de Beaumont" avec seulement une moyenne justice. Il ne reste plus qu'un vieux manoir délabré et son domaine proche. Anne Bruslon vend cette dernière partie en 1654 à François Greffier.
C'est ainsi pendant la seconde moitié du XVIIe siècle que la famille Greffier fait construire un nouveau corps de logis "basti à la moderne" (selon un aveu de 1686) ; cette bâtisse n'est pas érigée à l'emplacement de l'ancien château médiéval mais au sommet d'un petit plateau presque carré, éloigné de la chapelle et des douves. Cette construction constitue les bases de l'actuel château de Beaumont.
Un corps de logis complété au XVIIIe et remanié au XIXe siècle
[9]En 1686, à la mort de François Greffier, le domaine est acheté et entretenu par la famille Guibert.
Il est probable que ce sont les membres de cette famille qui vendent la propriété, au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, à Charles de Farcy, seigneur de la Villedubois.
D'une première union avec Jeanne Mathurine Bertho, Charles Joseph Anne de Farcy de la Villedubois[10] a neuf enfants. Le domaine échoit à son neuvième enfant, Joachim Joseph de Farcy, qui prend de ce fait le titre de seigneur de Beaumont.
C'est à cette époque que le corps de logis est complété par deux pavillons construits de part et d'autre de la façade ouest. (Cf la photo ci-contre).
Quelques années plus tard, l'intérieur est également complètement refait à l'exception de l'escalier d'origine.
Les armes de la famille de Farcy figurent toujours au-dessus du perron du château et de l'escalier droit en pierre menant au jardin.
Plusieurs générations de la famille de Farcy se succèdent à la tête du domaine et y séjournent jusqu'à Marie Gabrielle[11], fille de Charles Emmanuel de Farcy[12] et épouse de Loïc Chassin du Guerny.
Plusieurs d'entre eux ont d'ailleurs été enterrés dans la chapelle dont l'autel et la boiserie datent du XIXe siècle. Les sépultures ont été déplacées au changement de propriétaire.
Le château de Beaumont au XXe et XXIe siècle jusqu'à septembre 2021
Loïc Chassin du Guerny et Marie Gabrielle du Farcy vendent le domaine de Beaumont en 1936 à René Frignet des Préaux[13]et à son épouse Françoise Gilbert[14]. Il s'étend alors sur une dizaine d'hectares et est constitué du château, d'une chapelle et d'une aile de communs, la ferme attenante (transformée par la suite en restaurant) ayant été cédée à un autre acheteur peu de temps auparavant.
Le château comporte 3 étages, le rez-de-chaussée étant surélevé.
Lorsque le domaine est transmis par René Frignet des Préaux à sa fille Christine, épouse de Jacques d'Hautpoul, celle-ci entreprend plusieurs travaux et notamment la réfection du toit de la chapelle.
Surmontée d'un clocheton et d'une belle croix, cette dernière a encore fière allure bien que sa structure soit très fragile.
Sur l'une de ses façades, on remarque une porte en arc brisé à encadrement de calcaire mouluré ainsi qu'une fenêtre du même type. Sa charpente a la forme d'une carène de bâteau.
Bien qu'il n'y ait plus aucune trace d'une base fortifiée médiévale, la motte castrale est toujours visible et semble peu altérée. Elle est entourée de beaucoup d'ifs ce qui pourrait être le signe de l'antique juridiction de la châtellenie. On peut en effet imaginer qu'on rendait la justice sous ces ifs.
Cette motte a également eu son utilité pendant la seconde guerre mondiale, René Frignet des Préaux y ayant creusé un trou pour protéger sa famille des nombreux bombardements ciblant l'aéroport de Rennes Saint-Jacques.
Le château est inscrit au titre des Monuments historiques depuis 1995.
Galerie de photos
Source des photos et textes
site inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr, livre "généalogie de la famille de Farcy" par Paul de Farcy, gallica.bnf.fr / BnF, site gw.geneanet.org (généalogie des familles propriétaires), livre "Le département d'Ille-et-Vilaine, Histoire-Archéologie-Monuments" publié en 4 volumes en 1929 par Paul Banéat (1856-1942), Jacques de Farcy, François d'Hautpoul, R. Birot (photos en couleur et photos aériennes).
Notes et références
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