Le château de la Chesnaye (ou Chesnaie)
Le château de la Chesnaye est une propriété privée située près du bourg de Mordelles, sur la route de l'Hermitage. Chesnaye signifie lieu planté de chênes.
Construit en 1860 sur le site d'un ancien manoir pour Aristide de Farcy [1], l'édifice est complété au début du XXe siècle à la demande de Paul de Farcy[2].
Il se présente sous la forme d'un corps central flanqué de deux pavillons rectangulaires et deux tours circulaires[3] ce qui lui confère un style Renaissance qui le distingue des autres châteaux mordelais.
C'est actuellement une propriété privée qui appartient au comte Bernard du Réau de la Gaignonnière.
Tout d'abord, un ancien manoir
Le manoir de la Chesnaye appartient à la famille le Vayer au XVe et début du XVIe siècle.
Il est ensuite vendu en 1556 aux Gougeon, les propriétaires du domaine d'Artois à Mordelles.
Puis à l'origine du château actuel, Aristide de Farcy
En 1860, alors qu'il a déjà plus de 60 ans, Aristide de Farcy fait construire à Mordelles le château de la Chesnaye.
Armes de la famille de Farcy
Aristide de Farcy est le 4e enfant de Jean Marie Protaire, comte et propriétaire du château de la Villebois de 1796 à 1829.
C'est également le frère d'Armand Paul Marie Ange de Farcy, maire de Mordelles de 1815 à 1830.
Pour la construction, il utilise les services de l'architecte Jacques Mellet, un ami de la famille.
Les armes de la famille de Farcy sont ainsi présentes au-dessus de la porte d'entrée du château. Leur blason est "d'or, fretté d'azur à 3 branches et au chef de gueules".
De même, sur une autre porte située à l'arrière de l'édifice, on peut relever les lettres A et S. Alors que la lettre A fait sans nul doute référence à son propriétaire Aristide, la lettre S, quant à elle, pose question.
Ne pouvant adjoindre à l'initiale de son prénom, celle d'une épouse, Aristide aurait-il ajouté une autre lettre de son prénom (le S d'Aristide) ? Pure hypothèse.
Fin du XIXe siècle, le château se présente tel qu'il apparaît sur la photo ci-dessus c'est-à dire sous une forme parfaitement symétrique.
Quelques ajouts lui sont toutefois apportés au tout début du XXe siècle.
Il se situe au cœur d’un très grand parc abritant notamment des chênes et des séquoias centenaires. On peut encore admirer certains de ces séquoias qui ont su résister aux tempêtes au fil des années.
Aristide de Farcy n'ayant pas de postérité, à son décès en 1869, il lègue le château à son neveu, Paul Marie Emile de Farcy, le fils de son frère Armand Paul Marie Ange.
Période Paul de Farcy
C'est un réel atout pour Paul de Farcy, maire de Mordelles de 1874 à 1919, d'hériter de ce château.
Il en fera bon usage puisqu'il va y résider jusqu'au 29 février 1928, date de son décès.
Au tout début du XXe siècle, en 1905, il fait apporter une modification au château pour le confort de sa fille Jeanne Louise Marie.[4] Ayant alors perdu ses trois autres enfants (Cécile, Paul et Roger)[5], Paul de Farcy chérit particulièrement sa fille devenue unique et satisfait beaucoup de ses souhaits.
Paul de Farcy est connu à Mordelles à plusieurs titres : c'est un châtelain et de ce fait, un homme important et notamment un employeur, c'est également le maire de la commune pendant 45 ans et c'est aussi un fervent catholique qui œuvre pour l'enseignement congréganiste et tout ce qui a trait à la vie paroissiale.
Ce sont vraisemblablement ses convictions religieuses qui l'ont incité à faire ériger cette croix de mission en pierre qui est toujours présente à l'entrée du château de la Chesnaye.
Datant de 1920, elle est l'une des rares de la commune à porter une date.
Au décès de Paul de Farcy en 1928, le château devient la propriété de sa fille Jeanne. Cette dernière ne s'étant jamais mariée, elle ne laisse à son décès en 1954 aucune postérité.
La famille du Réau de la Gaignonnière
Le château de la Chesnaye reste toutefois entre les mains de la famille de Farcy puisqu'il revient alors à une petite-nièce de Paul de Farcy, Anne de Farcy[6] mariée depuis février 1938 à Jacques comte du Réau de la Gaignonnière[7], originaire de la Mayenne.
La famille du Réau de la Gaignonnière s'est distinguée sous le second empire ; trois frères[8] ayant volontairement rejoint, peu après 1860, le bataillon des Zouaves pontificaux pour défendre l’État pontifical dont l'existence était menacée par le révolutionnaire Garibaldi.[9].
L'un de ces trois frères, Maurice du Réau, est le grand-père de Jacques du Réau (Cf la photo ci-contre).
Concernant le blason de la famille du Réau de la Gaignonnière, il se définit comme "d'argent à une barre de gueule frangée de sable" (couleur noire avec quadrillage de hachures verticales). Il est également surmonté d'un heaume et d'un palanquin.
Alors que le comte Jacques du Réau de la Gaignonnière et son épouse héritent du château, ce dernier décide peu de temps après, entre 1955 et 1960, de rendre l'école libre des garçons de Mordelles aux frères de Ploërmel. Depuis le 19 novembre 1907, elle est en effet la propriété de Paul de Farcy et de ses héritiers. Cet acte de propriété avait eu pour seul but d'éviter la fermeture de l'école, puis sa vente dans le cadre de la loi de 1905[10].
Le fils d'Anne et de Jacques du Réau, Bernard du Réau, est l'actuel propriétaire du château. Il continue à entretenir cette belle propriété.
Courant 2001, 2002, il fait notamment restaurer le pavillon de chasse faisant partie probablement de l’ancien manoir (donc antérieur à 1860).
Près de ce bâtiment, une allée de chênes conduisait jadis au presbytère de Mordelles. À proximité, se trouvait également un jardin potager.
Jeanne Geneviève de Robien
A chaque étage du château, un palier dessert les différentes pièces qui communiquent entre elles mais conservent une sortie indépendante.
Plusieurs portraits ornent les murs des pièces du château. L'un d'entre eux attire l'attention.
Il s'agit de celui de Jeanne Geneviève de Robien de Campson. La date en chiffres romains (1742) figurant sur la peinture est celle de son mariage avec Pierre-Bernardin Thierry, marquis de la Prévalaye.
Jeanne Geneviève de Robien de Campson est la petite-fille de Pierre de Brilhac, le premier président du parlement de Bretagne de 1703 à 1734[11].
Son portrait a toute sa place au sein du château de la Chesnaye puisque sa mère, Marie Anne Geneviève de Brilhac[12] en épousant en secondes noces Jean-François Dinan de Coniac, est l'une des ancêtres de l'épouse de Bernard du Réau, Bénédicte de Coniac.
Galerie de photos
Nous remercions Bernard du Réau de la Gaignonnière pour son accueil particulièrement chaleureux. Grâce au temps qu'il a bien voulu nous consacrer, nous avons pu retracer ensemble une petite partie de l'histoire de ce beau château mordelais. Nous espérons également que ce travail de synthèse sera apprécié par les Mordelais.
Source des photos et textes
site inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr, gallica.bnf.fr / BnF, site gw.geneanet.org (généalogie des familles propriétaires), Bernard du Réau, Jacques de Farcy, Amocas Mordelles (Visufo), René Birot (photos en couleur et photos aériennes).
Notes et références
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