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Le château d'Artois

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Patrimoine culturel
Artois 4.jpg
Château d'Artois
Région Drapeau-breton.jpg Bretagne
Département Armoiries-35.jpg Ille-et-Vilaine
Commune Armoiries-mordelles.jpg Mordelles
Type Château et dépendances
Construction 1645
Architecte Lecompte
Classé non
Inscrit Logo BNF 01.jpg 2014
Références
Rédacteur(s) I. Birot
Historien(ne) A. Béchetoille
Archives Cf source des photos et textes




Le château d'Artois
Initiales René de la Porte et Marie Anne du Han

[1]Le domaine d'Artois est une ancienne seigneurie qui appartient au Moyen Âge aux seigneurs d'Artois.
A l'origine, avant la construction du château actuel, le domaine abrite un manoir appelé "La Rivière", en référence au Meu qui entoure la propriété.
Au XVe siècle, probablement en 1427, il est en possession des Le Vayer qui le vendent vers 1490 à la famille Gougeon. Depuis cette date, le domaine ne sera plus vendu ; il sera transmis de génération en génération.
Un aveu du 5 mai 1556 indique que le domaine se compose des "manoir, motte ancienne, douves et pont-levis, colombier, rabines, bois et pourpris[2] de la Rivière".
[3]Lorsque Renée Gougeon, dame héritière d'Artois, donne naissance en 1605 à Jean de la Porte[4], elle transmet ainsi le domaine à l'initiateur de l'actuel château érigé pendant la seconde moitié du XVIIe siècle.
Le château d'Artois est toujours habité par ses propriétaires actuels. De ce fait, il constitue avec son parc une propriété privée.
Le parc est ouvert au public uniquement pendant les mois de juillet et août, sur une période de 40 jours. Il est alors nécessaire de prendre rendez-vous pour y avoir accès.


Les propriétaires

La famille de la Porte

Armes René de la Porte et Marie Anne du Han
René de la Porte, conseiller au parlement de Bretagne.

Jean de la Porte[5] et sa descendance[6] sont les constructeurs de l'actuel château bâti en lieu et place de l'ancien manoir "La Rivière".
Ainsi, selon différentes sources, le château d'Artois daterait de 1675 ou 1685. Toujours est-il que le fronton au-dessus de la porte d'entrée indique 1645.
Sur cette même porte, figurent également les armes du fils de Jean de la Porte, René de la Porte et de son épouse, Marie Anne du Han.
Tous deux ayant indéniablement contribué à l'achèvement des travaux de construction du château, ils y ont laissé leurs empreintes à divers endroits.
Par exemple, sur les bords d'une ancienne boiserie datant du XVIIe siècle, remise en état par les propriétaires actuels, on peut décrypter les initiales R (pour René), A (pour Anne) et H (pour Han).

La famille Rousselet

Armes de la famille Rousselet
Blason

Leur fille héritière, la vicomtesse d'Artois, Marie Anne Renée de la Porte[7] se marie à Brest en 1684 avec François Louis Rousselet[8], marquis de Châteaurenault, officier de marine au palmarès impressionnant qui termine sa carrière militaire, couvert de gloire, avec les grades de vice-amiral et maréchal de France.
Du fait de ce mariage, le château d'Artois entre en possession de la famille Rousselet. Toutefois, François Louis Rousselet s'investit beaucoup plus dans les combats maritimes que dans son nouveau domaine.
Lors de la reconstruction de la ville de Rennes suite au grand incendie de 1720, une rue est d'ailleurs appelée la rue Châteaurenault en son honneur. En 1792, ainsi que d'autres rues rennaises, elle est rebaptisée et devient la rue de Mably[9].
Sur l'une des cheminées du château, on remarque cette plaque représentant les armes de la famille Rousselet ; au centre, le chêne symbolise la force et la puissance.
Ci-contre, le blason de la famille de François Louis Rousselet "D'or, à un chêne de sinople, englanté du champ." En héraldique, le sinople désigne la couleur verte.
De l'union de Marie Anne Renée de la Porte et de François Louis Rousselet, naît un fils Emmanuel Rousselet[10].

La famille des comtes d'Estaing

Ce dernier ayant 2 filles, la seigneurie de la vicomté d'Artois passe entre les mains des comtes d'Estaing lorsque Marie Sophie Rousselet[11], dame d'Artois, épouse en 1746 Charles Henri, comte d'Estaing[12]. Leur fils unique, Théodat d'Estaing, décède très jeune, probablement à 12 ans.
Ainsi sans postérité, ce mariage arrangé connaît de nombreux écueils conduisant les deux époux à envisager une séparation dès 1767. La répartition des biens, propriété essentielle de Marie Sophie Rousselet, suscite de lourdes tensions dans le couple et tourne à l'affrontement.
Compte tenu de ces évènements, lors du décès de cette dernière en 1792, le comte d’Estaing n'est plus seigneur d'Artois depuis plusieurs années.
Pendant tout le XVIIIe siècle, le château est ainsi peu habité et reste en l'état. Que ce soit les Rousselet ou les Comtes d'Estaing, ceux-ci ont beaucoup de propriétés en dehors de l'Ille-et-Vilaine et ne séjournent que très rarement à Artois.

La famille Visdelou de la Villetehart

Marie Sophie Rousselet et le comte d'Estaing n'ont pas d'héritier. Ainsi, fin du XVIIIe siècle, tout début du XIXe, le domaine devient la propriété d'une branche cadette de la famille de la Porte alliée aux du Boisbaudry.
En effet, Jean de la Porte a certes un fils René mais également une fille Denise mariée à Olivier du Boisbaudry.

Armes de la famille Visdelou de la Villetehart

Pendant la Révolution française, au décès de Marie Sophie Rousselet, c'est François Louis Xavier Visdelou de la Villetehart[13], 2e arrière-petit-fils de Denise de la Porte, qui gère à son tour le domaine d'Artois avec sa petite cousine, Jeanne de Boisbaudry[14], elle-même arrière-petite-fille de Denise de la Porte.
Les écrits de l’époque font référence à l’émigré François Louis Xavier Visdelou Villetehart. En effet, émigré avec son épouse Guillemette[15] à Jersey pendant la Révolution française, il fait partie de ceux qui peuvent racheter les biens dont ils ont été spoliés grâce à la loi dite "du milliard aux émigrés[16]". Le château d'Artois lui est ainsi restitué le 20 février 1800[17].

Les familles Gasté et Fages de Rochemure

Georges de Gasté

Mais peu de temps après, François Louis Xavier Visdelou décédant en 1820, le domaine d'Artois entre en possession de la comtesse de Rochemure[18].

La famille Bourgeois du Marais

Depuis 1898[19], la famille Bourgeois du Marais est propriétaire du château, notamment Arnauld Bourgeois du Marais[20] et son fils Arthur Marie Paul Henri décédé en 2004 à Mordelles. Parmi les membres de cette famille, les aînés mordelais se souviennent également de Robert Bourgeois du Marais[21] qui fait partie des 16 Mordelais morts pour la France au cours de la seconde guerre mondiale.

Le château d'Artois

Château d'Artois novembre 2011

Le château d'Artois se trouve au bord du Meu entre Mordelles et Talensac.
Lorsque René de la Porte hérite du domaine, il poursuit le projet de construction lancé par son père en s'appuyant sur les plans de l'architecte P. Lecompte. [22]
C'est également lui qui obtient en 1679 que le domaine d'Artois soit érigé en vicomté. Sa fille, la vicomtesse d'Artois, Marie Anne Renée de la Porte, poursuit et finalise la construction composée, outre le logis, d'une orangerie,d'une chapelle, de douves et d'un moulin.
Reconstruit à l’emplacement de l'ancien manoir du Moyen Âge, le château a une allure à la fois sobre et imposante notamment grâce aux douves qui l'entourent, à ses 365 ouvertures et ses nombreuses cheminées.
Il s'inscrit dans un grand espace paysager qui le met en valeur.
Il a été peu modifié depuis le XVIIe siècle[23] et a conservé une grande authenticité ainsi que l'atteste la photo ci-contre.

Orangerie du château d'Artois
L’aile des communs située perpendiculairement au corps du logis (Cf la vue aérienne présentée en introduction de cet article) est probablement issue de l’ancien manoir "La Rivière".

Tout près du logis, au-delà des douves, se trouve l'orangerie du château. Il s'agit d'un petit bâtiment rectangulaire. Ses ouvertures, très différentes de celles du château, se présentent en arc brisé.
Sa porte centrale est surmontée d'une lucarne à fronton triangulaire insérée dans la toiture.

Le domaine a géré suivant les époques plusieurs moulins. Outre celui qui est toujours situé à proximité du château, le long du Meu, la seigneurie d'Artois possède, au XVIIe siècle, le moulin de Mordelles[24] construit en 1656 près de l'église et du centre du bourg.
Son premier propriétaire est ainsi René de la Porte, comte d'Artois et baron de Beaumont, et son dernier propriétaire Arnauld Bourgeois du Marais qui le vend en 1925 à Joseph Hubert et son épouse Anne Marie Morlais[25]. Aujourd'hui, le moulin de Mordelles appartient toujours à la famille Hubert.

Le domaine d'Artois abrite également une petite chapelle construite sur une hauteur et masquée par des arbustes. Consacrée à Sainte-Christine, elle accueille encore aujourd'hui les sépultures des propriétaires d'Artois. Elle a été reconstruite dans la première moitié du XIXe siècle.[26]
L'ensemble du domaine d'Artois est inscrit au titre des monuments historiques par un arrêté du 21 mai 2014[27], soit : le logis et le bâtiment des communs en retour, la chapelle Sainte-Christine, le moulin, les communs à l'ouest du château, l'orangerie, les murs d'enceinte, les douves, la motte castrale située sur la commune de Talensac (cad. F 143) et le sol d'assiette des parcelles du château.

Le moulin du château d'Artois


Le moulin d'Artois
Sur la photo ci-contre, une vue aérienne de l'ancien moulin d'Artois situé à l'intérieur du domaine et perpendiculairement au tracé du Meu.

En fait, à l'origine, il n'y a pas un seul mais deux moulins.
Tous deux étaient proches, à quelques mètres d'intervalle, le second étant installé sur la rive gauche du biais.
Construit en moellons de schiste, le moulin actuel a cessé de fonctionner courant des années 1950.
Pendant les dernières années de son exploitation, un moteur de tracteur est utilisé pour pallier les défaillances de la roue. Cette dernière (verticale) est toujours en place mais très abîmée, le moulin n'étant plus utilisé depuis plusieurs dizaines d'années.

L'incendie de 1939


Incendie château d'Artois (1939)

Dans la nuit du 29 au 30 janvier 1939 se déclare un incendie dans l'aile droite du château.
La photo ci-contre, extraite du journal L'Ouest-Eclair du 31 janvier 1939, montre l'ampleur des dégâts (partie située à gauche sur la photo).
La toiture est entièrement détruite et avec elle, du mobilier, des tapisseries et d'authentiques peintures du XVIIe siècle.
C'est en effet dans cette aile que les propriétaires ont aménagé leurs cuisine, salon et chambre à coucher.
Ils y ont également abrité leur bibliothèque. Ce sont ainsi près de 30 000 livres anciens qui ont été détruits par le feu.
Le bâtiment central a heureusement pu être sauvegardé grâce à l'intervention rapide des sapeurs-pompiers de Mordelles commandés par Louis Costo et secondés par les pompiers de Rennes.
Il faut également souligner le soutien de nombreux bénévoles mordelais, commerçants et agriculteurs, qui se sont précipités en pleine nuit pour apporter leur aide et mettre à l'abri tout ce qui pouvait être retiré des pièces encore épargnées par les flammes.
Nos aînés mordelais ont, en effet, toujours cherché à protéger leurs châteaux, patrimoine qu'ils respectaient énormément.
Ainsi qu'en témoignent les photos prises récemment, le château a été parfaitement réparé suite à cet incendie.

Galerie de photos


Nous remercions tout particulièrement Isabelle Bourgeois du Marais ainsi que son fils Arnault Béchetoille pour leur accueil chaleureux et pour le temps qu'ils nous ont consacré. Grâce à leur courage et leur attachement pour ce château, un pan de notre histoire mordelaise continue à vivre.

Source des photos et textes

site inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr, gallica.bnf.fr / BnF (incendie en 1939), site culture.gouv.fr (inscription au titre des monuments historiques), site gw.geneanet.org (généalogie des familles propriétaires), site ilôtdumoulin.fr (famille Visdelou Villetehart), Isabelle Bourgeois du Marais et Arnauld Bechetoille, archives Anne-Marie Nédellec (collection privée), Gilles Herbreteau, R. Birot (photos en couleur et photos aériennes).

Notes et références

  1. Source histoire du domaine d'Artois : site internet inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr
  2. Pourpris : enceinte ou enclos qui ferme et délimite un espace.
  3. Source généalogie familles de la Porte, Rousselet, Comte d'Estaing, du Boisbaudry, Visdelou de la Villetehart et Bourgeois du Marais : site gw.geneanet.org.
  4. Jean de la Porte (1605) est le fils d'André seigneur du Val d'Artois de la Porte de Vézins et de Renée Gougeon, dame héritière d'Artois.
  5. Jean de la Porte né en 1605 est président des enquêtes au Parlement de Bretagne. Il épouse Emmanuelle le Meneust de Bréquigny.
  6. René de la Porte (1633-1682) est le fils de Jean de la Porte. Il est notamment vicomte d'Artois, comte de Crozon, baron de Beaumont et conseiller au Parlement de Bretagne. Il épouse Marie Anne du Han (1639-1707) qui donne naissance à Marie Anne Renée de la Porte d'Artois.
  7. Marie Anne Renée de la Porte (1661-1696) est la dernière héritière de La Porte d'Artois. La génération suivante porte le nom de la famille Rousselet.
  8. François Louis Rousselet (1637-1716) marquis de Châteaurenault, chevalier des ordres du roi, lieutenant général du gouverneur de Haute et Basse Bretagne, vice-amiral du Levant et maréchal de France en 1703.
  9. La rue Châteaurenault : source site fr.m.wikisource.org
  10. Emmanuel Rousselet (1695-1739), capitaine de vaisseau du roi, épouse en seconde noces, en 1724, Anne Julie De Montmorency (1704-1778).
  11. Marie Sophie de Rousselet de Château-Renaud (1727-1792), fille d'Emmanuel Rousselet et sœur de Marie Charlotte (1728-1765).
  12. Charles Henri (1729-1794), comte d'Estaings, chevalier des Ordres du roi et lieutenant général de ses armées navales, Amiral de France en 1792, décapité en 1794.
  13. François Louis Xavier Visdelou de la Villetehart (1742-1820), comte de la Villetehart, fils de Marie Artuze du Boisbaudry (1706-1763) et de François Pierre Toussaint Visdelou de la Villetehart (1705-1754).
  14. Denise de la Porte a 2 fils : François et Gabriel Joseph. François Louis Xavier Visdelou est un descendant de François tandis que Jeanne du Boisbaudry est une descendante de Gabriel Joseph.
  15. François Louis Xavier Visdelou Seigneur de la Villethéard (1742-1820) uni en 1766 à dame Innocente Guillemette Prudence de Rosnyvinen (1746-1824).
  16. loi "du milliard aux émigrés" : loi française promulguée par Charles X indemnisant les émigrés qui avaient perdu leurs biens vendus comme biens nationaux sous la Révolution (source wikipedia).
  17. Le 20 février 1800 (19 ventose an IX) le château d'Artois, la métairie de Villechevron et le moulin de Mordelles sont restitués aux émigrés : source site internet ilôtdumoulin.fr.
  18. Comtesse de Rochemure née de Gasté (Source : site infobretagne.com).
  19. Source site internet inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr
  20. Arnauld Bourgeois du Marais décédé en 1951 à Mordelles.
  21. Robert Bourgeois du Marais : né le 1er mai 1915 à Marseille. Capitaine F.F.I. Croix de guerre. Tombé au champ d’honneur à Rouans (Loire-Inférieure). Décédé le 3 octobre 1944 à l’âge de 29 ans. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Mordelles.
  22. Château d'Artois, sources : site internet inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr.
  23. Source : site internet "inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr"
  24. Le moulin de Mordelles situé 11, allée du moulin.
  25. Source : site internet ilotdumoulin.fr
  26. Chapelle reconstruite dans la première moitié du XIXe siècle. Sources : site du ministère de la culture (pop.culture.gouv.fr).
  27. Château d'Artois, sources : préfecture de Bretagne, recueil des actes administratifs, recueil n° 611 du 10 juillet 2014, site raa.bretagne.sit.gouv.fr, référence PA35000058.